Un nouveau record historique d’exportation d’électricité pour l’Hexagone

Par Anaïs Hollard , le 28 décembre 2023 - 4 minutes de lecture
Lignes électriques françaises

© Meigneux / SIPA

Des vents importants, une production nucléaire ragaillardie et une demande en berne durant les fêtes de Noël : il n’en fallait pas plus pour que l’Hexagone batte des records en matière d’exportations d’électricité. Vendredi 22 décembre, ce sont pas moins de 18 000 MW qui ont franchi les frontières du pays, pour s’en aller rejoindre l’Espagne, l’Italie, le Benelux, l’Allemagne, le Royaume-Uni ou encore en Suisse.

Retour en force du parc nucléaire et températures douces

Après des temps difficiles, liés notamment aux difficultés rencontrées par son parc nucléaire, touché par un problème de corrosion, la France semble aujourd’hui reprendre des couleurs en matière de production d’électricité. Traditionnellement exportateur, du fait de la capacité de production de sa filière nucléaire, en 2022 et pour la première fois depuis 1980, le pays avait été contraint d’importer près de 16,5 TWh d’électricité, de façon à répondre aux besoins de ses concitoyens. En cette fin d’année, les déboires du passé semblent donc bel et bien enterrés, puisque c’est un nouveau record historique qui a été battu au cours du vendredi 22 décembre, avec 18 000 MW exportés. Le dernier record – une pointe d’exportation de 17 415 MW – datait de février 2019. L’hiver très doux (avec une température moyenne supérieure de 2,7 °C à la moyenne, selon Météo France) avait alors largement participé à faire baisser la consommation d’électricité des Français et à doper les exportations. Cette année, le scénario n’est finalement pas si différent. En effet, si RTE met en avant « la disponibilité de tous nos moyens de production, notamment du nucléaire », grâce à une relance presque totale des réacteurs présents sur le territoire, les températures très (trop ?) généreuses de ce mois de décembre ne sont toutefois pas à exclure pour justifier ce regain considérable du capital énergétique du pays.

« Il y a un besoin en ce moment qui est un peu plus faible en consommation en France, puisqu’on est dans une période de vacances », a souligné le gestionnaire de réseaux. Mais outre ces départs en congés massifs, « les températures la semaine dernière ont été élevées pour la saison, notamment le jeudi », journée durant laquelle elles ont pu être « de 4 à 6 degrés au-dessus des normales de saison », a indiqué Météo-France à l’AFP. Selon le spécialiste des températures, il fallait en effet compter une moyenne de 8.2°C sur le territoire. Pas de quoi s’affairer à augmenter la température de ses radiateurs, donc.

Cette électricité a donc été exportée vers le Royaume-Uni (3 GW), l’Allemagne et le Bénélux (5,4 GW), la Suisse (3,2 GW), l’Italie (4,4 GW) ainsi que l’Espagne (2,6 GW), a également détaillé RTE.

Une mention spéciale pour les éoliennes

Il convient toutefois de rappeler que le nucléaire et les températures n’étaient pas les seuls facteurs de ce succès sans précédent, puisque les pales d’éoliennes ont de leur côté tourné à plein régime au cours de la fin de semaine dernière. Dopées par des vents importants, leur production à atteint plus de 17 000 MW, ce qui représente près d’un quart du mix électrique national là où elle ne comptait que pour 10 % durant l’année 2022. Une excellente nouvelle lorsque l’on sait qu’une cinquantaine de parcs éoliens terrestres devraient très bientôt être installés en France, à en croire les résultats du deuxième appel d’offres gouvernemental annuel, publiés le mois dernier. Ce ne seront d’ailleurs certainement pas les derniers, puisque l’État envisage bel et bien de doubler les capacités éoliennes installées d’ici à 2035.
Espérons désormais que le prochain record sera porté par une majorité de production électrique d’origine renouvelable 🌬️ !

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Anaïs Hollard

Captivée par les sujets liés à l’énergie, Anaïs a longtemps collaboré avec de grands acteurs du secteur, avant de choisir la voie de l’indépendance, en tant que journaliste web. Aujourd’hui, elle continue de délivrer son expertise en matière d’énergie et de transition écologique. Ses passions : la lecture, l’écriture (forcément) et les DIY créatifs !

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