Végétation précoce en France : comment expliquer ce phénomène ?
Depuis quelques semaines, des bourgeons apparaissent sur différentes espèces d’arbres. Une végétation précoce qui pose question : comment expliquer ce phénomène ?
Vous l’avez peut-être remarqué, des parterres de fleurs colorent les parcs, des arbres fleurissent dans certaines régions. Même si le printemps ne démarrera que le 20 mars prochain, il semble déjà bien installé. Abricotiers, amandiers ou pruniers bourgeonnent déjà sur une large partie du pays en cette mi-février, et ce avec près d’un mois d’avance par rapport à la normale.
Un constat confirmé par les observations satellite de l’organisation Copernicus. D’après leur données collectées par satellite, l’activité photosynthétique de la végétation est en effet bien supérieure à la normale de la période, que ce soit sur la France mais également sur une très large partie de l’Europe.
Au regard des cartes, seules les régions situées entre l’Est de l’Espagne et l’extrême Sud de la France observent une végétation « en retard », qui s’explique davantage par la sécheresse toujours en place dans ces régions.
Ailleurs, c’est au contraire une végétation souvent digne d’un début de printemps qui est en train de se développer, dû à la douceur et aux fortes pluies des derniers mois.
Températures très douces
Après la fraîcheur et la neige du début février, c’est la douceur qui s’est installée depuis le 20 janvier en France. Les températures ont régulièrement dépassé les 20 degrés dans le sud avec même un pic observé le jeudi 15 février 2024, autour de 25°C localement, près des Pyrénées, notamment du côté des Pyrénées-Atlantiques où on a pu relever jusqu’à 27,2°C, en plein mois de février.
En conséquence, cette première quinzaine de février pourrait être la plus douce jamais enregistrée depuis le début des relevés météorologiques avec une anomalie thermique s’approchant des +4°C. La première décade de février fut d’ailleurs la 5ème plus douce depuis le début des relevés.
La végétation est donc déboussolée, car elle a besoin d’une alternance de températures et de saisons pour assurer son bon développement.
Fortes pluies de ces derniers mois
Les températures élevées ne sont pas les seules responsables de cette floraison précoce. Les fortes pluies de ces derniers mois y jouent aussi pour beaucoup. D’importantes précipitations de la mi-octobre à la mi-janvier ont concerné de nombreuses régions.
Le « rail de perturbations », qui n’a épargné que le pourtour méditerranéen entre la mi-octobre et la mi-novembre, s’est montré pour le moins exceptionnel : « Ce n’est que la deuxième fois qu’il pleut sans discontinuer pendant trente-deux jours. Il faut remonter en 1988 pour observer une telle série (32 jours du 12 janvier au 12 février) mais avec des cumuls moins importants », explique Météo-France. Localement, les cumuls « inédits » ont approché 900 mm dans le Massif central, 800 mm dans les Vosges, 400 mm sur Poitou-Charentes et 500 mm dans le Pas-de-Calais, qui a subi des inondations majeures.
Au 1er février, 46% des nappes sont au-dessus des normales de saison et 15% à des niveaux comparables, précise le Bureau de recherches géologiques et minières. Cette situation est « plus favorable » qu’en 2023 à la même date, « où 60% des niveaux étaient situés sous les normales ».
Les sols humides, associées à la douceur, ont complètement décalé le cycle naturel des végétaux sur notre pays. Les vignes ont d’ailleurs déjà stoppé leur repos végétatif dans le Sud-Ouest alors que l’arrêt de la phase de dormance débute au mois de mars. L’activité photosynthétique de la végétation est donc complètement décalée en ce début d’année 2024 et cette repousse précoce risque d’être ravagée par de possibles gelées tardives à la fin du printemps.
Retour des pollens
Aussi, cette végétation en fleurs, favorise une arrivée précoce des pollens, une bien mauvaise nouvelle pour les allergiques.
« Le risque d’allergie est élevé dans la plupart des départements français (plus des 3/4 du pays) à cause du temps printanier qui touche l’ensemble du territoire », confirme le Réseau National de Surveillance Aérobiologique (RNSA) dans son dernier bulletin.
Le RNSA met, ainsi, en garde les plus fragiles contre les « pollens de bupressacées (cyprès…) et de frênes du sud-ouest au sud-est, ainsi qu’aux pollens de noisetier et d’aulne (famille des bétulacées) dans le reste du pays. Les mimosas, en fleur dans le Sud, peuvent également provoquer des allergies de proximité ».
A lire aussi :
Réchauffement climatique : l’année 2024 débute par de nouveaux records
Météo : des températures anormalement douces pour ce Noël 2023