Vinted : le mirage d’une conscience verte ?

Par Anaïs Hollard , le 11 décembre 2023 - 5 minutes de lecture
Application Vinted

© Davide Bonaldo

Alors que la saison des cadeaux approche, vous êtes peut-être déjà en train de scroller sur votre écran de smartphone, à la recherche de pièces de seconde main, via l’application Vinted. Si on ne cesse de répéter que l’achat de pièces d’occasion est un coup de pouce incontestable en faveur de l’environnement, gare toutefois à ne pas tomber dans le piège de la surconsommation.

Vinted ou la tentation de l’achat compulsif

Depuis son arrivée en France, en 2013, la start-up lituanienne n’a cessé de faire des adeptes et ses aficionados – aussi appelé.es vinties – ne jurent plus que par cette application ludique qui a fait de son slogan une véritable hymne à la seconde main : « Tu ne le portes pas ? Vends-le ! ». Si Vinted présente l’avantage de donner un coup de boost au marché de l’occasion, jusqu’alors un peu mollasson, l’application utilisée par pas moins d’un Français sur deux est encore loin d’être la panacée pour lutter contre la fast fashion. En témoignent les centaines de pièces ajoutées quotidiennement à ces dressings virtuels. Pour Alma Dufour, chargée de campagne extraction et surconsommation chez les Amis de la Terre France « Vinted encourage la rotation rapide de modèles, en grande partie issus de la fast fashion, en conférant du pouvoir d’achat aux consommateurs, qui revendent facilement des produits pour en racheter d’autres ». En effet, à l’instar des grandes enseignes, Vinted est évidemment développé pour vous donner envie de vendre, mais aussi et surtout… D’acheter. Navigation ultra ergonomique, vitrines alléchantes, achats par lots et en un clic, ou même possibilité de cumuler l’argent de sa propre cagnotte de ventes pour procéder à de nouveaux achats, sans avoir à sortir de l’application !

« Même si, au départ, on commence sur cette plateforme avec les meilleures intentions du monde, tout y est fait pour renouveler les transactions marchandes et pousser à la consommation […] Il y a un côté très normatif : la plateforme vous prend par la main, vous explique exactement ce qu’il faut faire pour vendre bien et plus. Il y a un côté très ludique, c’est comme jouer à la marchande. » explique Anissa Pomies, enseignante-chercheuse à l’EM Lyon Business School.

Un constat qui a même donné des idées à l’association Emmaüs qui, en mars dernier, a surfé sur la vague pour dévoiler sur son compte Instagram une campagne de communication inattendue, afin d’encourager les consommateurs à privilégier le don à la vente, avec un slogan pour le moins inspiré : « Si tu ne le portes pas, donne-le »

On conserve le réflexe seconde main

Attention toutefois, ne vous y méprenez pas. Loin de nous l’idée de remettre en question le modèle même de Vinted. D’ailleurs, en réponse à Emmaüs, la licorne lituanienne s’est associée à la plateforme de suivi des émissions de carbone, Vaayu, pour fournir une analyse indépendante des émissions de carbone évitées grâce à son modèle. D’après les données récoltées, acheter des vêtements de seconde main sur Vinted plutôt que d’acheter du neuf a permis d’économiser pas moins de 1,8 kg d’équivalent dioxyde de carbone (kg CO2e) sur une année. Néanmoins, impossible de faire l’impasse sur le coût du transport de toutes ces pièces d’occasion. Plus encore depuis que la plateforme a pris la décision de retirer l’option qui permettait de sélectionner uniquement des pièces disponibles à proximité, et d’aller les chercher soi-même.
Finalement, avec les pièces d’occasion, comme avec les pièces neuves en magasin, la question à se poser demeure identique : « Est-ce vraiment nécessaire ? »

« Si tu ne le portes pas, c’est sans doute que tu l’as acheté alors que tu n’en avais pas besoin ». Puisqu’en effet, les vêtements qui génèrent le moins de CO2 sont encore ceux que l’on achète pas 😉.

Quelles alternatives à Vinted ?

Pas question de vous faire culpabiliser et l’achat de seconde main est évidemment plus neutre que l’achat de vêtements et accessoires neufs auprès d’enseignes de fast fashion. Souvenez-vous toutefois qu’il est possible de dénicher des pièces exceptionnelles à deux pas de chez soi. Recycleries, brocantes, Emmaüs ou même Leboncoin sont d’excellents moyens de limiter vos déplacements et le transport de vos achats !

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Anaïs Hollard

Captivée par les sujets liés à l’énergie, Anaïs a longtemps collaboré avec de grands acteurs du secteur, avant de choisir la voie de l’indépendance, en tant que journaliste web. Aujourd’hui, elle continue de délivrer son expertise en matière d’énergie et de transition écologique. Ses passions : la lecture, l’écriture (forcément) et les DIY créatifs !

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