Arrêt du Gulf Stream : est-ce possible et quelles conséquences ?
Une étude réalisée par deux scientifiques de l’université de Copenhague et publiée dans Nature et Communications, a récemment beaucoup fait parler d’elle : cette dernière alertait que la circulation méridienne de retournement atlantique (AMOC) était sur le point de s’effondrer, ce qui aurait pour effet d’impacter directement le Gulf Stream. L’arrêt du Gulf Stream va-t-il vraiment avoir lieu ? Quelles en seraient les conséquences ? Réponses avec Deklic.
Qu’est-ce que le Gulf Stream ?
Le Gulf Stream est un courant océanique chaud qui part de la Floride et des Bahamas, longe la côte sud-est de l’Amérique du Nord et se disperse dans l’océan Atlantique, au large de la Nouvelle-Écosse. Il circule dans le sens des aiguilles d’une montre et est connu des marins depuis le XVIe siècle. Aujourd’hui, on l’étudie par satellite, câble sous-marin et navire océanographique.
Gulf Stream et AMOC : quel lien ?
L’AMOC est l’acronyme pour Atlantic Meridional Overturning Circulation, soit en français la circulation de retournement. L’AMOC n’est pas un courant océanique contrairement au Gulf Stream : il s’agit d’une construction mathématique destinée à mieux comprendre le rôle de l’océan dans le climat. Elle étudie plusieurs courants marins, dont le Gulf Stream.
Comment circule le Gulf Stream ?
Le Gulf Stream transporte les eaux chaudes des régions subtropicales comme la Floride jusqu’aux régions du nord de l’Europe. Les eaux du Sud sont plus salées et de surface. Lorsqu’elles arrivent dans le Nord, la chaleur est transférée dans l’atmosphère. Cela refroidit les eaux et les rend plus lourdes, les faisant “couler”. Cette eau profonde retourne ensuite dans le Sud pour se réchauffer. La boucle (de retournement AMOC) est bouclée !
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Quels sont les effets du Gulf Stream ?
Ce n’est pas tout : un article de vulgarisation de Live Science définit le Gulf Stream comme un « tapis roulant mondial sans fin » qui transporte également de l’oxygène, des nutriments, du carbone.
Le Gulf Stream a donc un impact direct sur le climat, le niveau de la mer, les écosystèmes côtiers, les ressources de pêche ainsi que le système anticyclonique. Par exemple, il peut avoir une incidence sur les précipitations dans les tropiques.
L’océanographe Lisa Beal de l’université de Miami résume : “Le Gulf Stream est une artère vitale de la circulation océanique, et les conséquences de son ralentissement sont globales”.
Comment va le Gulf Stream ?
De nombreuses études révèlent que la circulation méridienne de retournement (AMOC) du Gulf Stream est en train de ralentir. La raison ? L‘augmentation de la température et des précipitations dans l’Atlantique Nord et la fonte des calottes glaciaires. Toutefois, l’AMOC n’est pas près de s’arrêter !
Par exemple, dans le 4e rapport du GIEC datant de 2007, on peut lire “qu’il est très probable que la circulation méridienne de retournement (MOC) de l’océan Atlantique ralentisse au cours du XXIe siècle. Il est très peu probable que la MOC subisse une transition abrupte de grande ampleur au cours du XXIe siècle.”
Par ailleurs, des chercheurs de l’Institution Woods Hole Oceanographic et de l’université de Miami ont publié une étude dans Geophysical Research Letters qui statue que le Gulf Stream a ralenti en 40 ans, d’environ 4 %, avec un indice de confiance de 99 %.
Quelle conséquence si le Gulf Stream s’arrête ?
L’arrêt du Gulf Stream est impossible. En effet, tant que le vent soufflera et que la Terre tournera, il ne s’arrêtera pas. Toutefois, il pourrait perdre jusqu’à 20 % de son intensité en cas d’effondrement de la circulation de retournement.
Justement, un ralentissement de la circulation de retournement (AMOC) est probable. D’après Julie Deshayes, chercheuse CNRS au LOCEAN, Juliette Mignot, chercheuse IRD au LOCEAN et Didier Swingedouw, chercheur CNRS à EPOC, ce dernier nécessitera au moins une centaine d’années.
Il pourrait avoir pour conséquence :
- dans certaines régions d’Europe, un ralentissement du réchauffement climatique, voire des refroidissements régionaux à l’échelle de quelques décennies puis un retour du réchauffement climatique ;
- dans l’Afrique de l’Ouest, des sécheresses importantes notamment dans les zones sahéliennes et sub-sahéliennes ;
- un réchauffement climatique à l’échelle globale.