Comprendre : la pollution aux PFAS, « polluants éternels »

Par Gaëlle Coudert , le 20 novembre 2023 — pollution - 4 minutes de lecture
Pollution aux PFAS

Rassemblement contre la pollution aux PFAS devant l’usine Arkema à Pierre Bénite, au mois de juin 2023, Crédit photo : Nicolas Liponne/Hans Lucas via AFP

Le point sur la contamination aux PFAS, que l’on appelle « polluants éternels », son étendue, et ses effets toxiques.

Le 20 novembre 2023, l’ARS a confirmé qu’il n’était pas recommandé de consommer des œufs provenant de poulaillers domestiques en Île-de-France. En cause : la présence dans les sols et œufs de polluants organiques persistants (dioxines, furanes, polychlorobiphényles, substances per- et polyfluoroalkylées ou PFAS), nocifs pour la santé des individus. Si l’actualité met un coup de projecteur sur la pollution en Île-de-France, la pollution aux PFAS est pourtant bien plus étendue. 

Que sont les PFAS ?

Les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) sont une famille de plus de 4000 composés chimiques. Ces composés, en raison de leurs propriétés antiadhésives, imperméabilisantes ou résistantes à de fortes chaleurs, sont utilisés dans de nombreux domaines industriels : emballages alimentaires, mousses anti-incendie, revêtements antiadhésifs, cosmétiques, produits phytosanitaires… Il s’agit de composés de synthèse, qui ne sont pas présents naturellement dans l’environnement. Depuis la fin des années 1940, les PFAS sont très utilisés. Les produits phares : le Teflon des poêles antiadhésives, le Scotchgard ou l’imperméabilisant textile Gore-Tex.

Quel est le problème des PFAS ?

Du fait des liaisons très stables carbone-fluor contenues dans ces composés, les PFAS se dégradent très peu une fois rejetés dans l’environnement. Pour cette raison, on parle ainsi de « polluants éternels ». Du fait de leur utilisation massive et variée et de leur persistance, tous les milieux peuvent être contaminés : l’air, l’eau, les sols ou les sédiments. Or, comme le souligne l’ANSES, les effets sur la santé, liés à la toxicité des PFAS, sont nombreux : augmentation du taux de cholestérol, risques de cancer, effets sur la fertilité et le développement du fœtus. Ils seraient également des perturbateurs endocriniens et auraient des effets sur le système immunitaire.

Quelle est l’étendue de cette pollution ?

Au mois de février 2023, Le Monde et 17 partenaires ont publié une enquête collaborative à propos de la pollution aux PFAS, dénommée « Forever Pollution Project ». Ils ont ainsi créé une « carte de la pollution éternelle » en Europe, qui révèle que des milliers de sites sont contaminés par ces substances chimiques toxiques.

Ainsi, l’Europe compterait plus de 17 000 sites contaminés à des niveaux qui requièrent l’attention des pouvoirs publics (plus de 10 nanogrammes par litre) et sur 2100 sites, les niveaux seraient tels (plus de 100 nanogrammes par litre) qu’ils seraient dangereux pour la santé. Certains de ces sites sont proches d’usines de production de PFAS, d’autres proches de sites industriels utilisant des PFAS.

La situation en France

Cinq des 20 usines de production de PFAS répertoriées se trouvent en France et plus de 900 sites de l’Hexagone seraient pollués. De nombreux sites inquiétants se trouvent au sud de Lyon, dans la zone industrielle surnommée « Vallée de la Chimie », vers Pierre-Bénite où deux groupes chimiques, Arkema et Daikin, utilisent des PFAS pour produire des plastiques haute performance. Les œufs, les carottes, les poissons du Rhône seraient ainsi touchés par la pollution. Le Monde précise que l’enquête sous-estime probablement l’étendue de la pollution, dans la mesure où elle est basée sur les données que les journalistes sont parvenus à se procurer. 

Plusieurs actions en justice ont été lancées en raison de la pollution aux PFAS, notamment par Générations Futures qui a déposé plainte contre X dans trois régions de France au mois de juin 2023. Le 17 janvier 2023, le ministère de la transition écologique a lancé le « plan d’action PFAS ». Depuis début 2023, 20 PFAS font ainsi l’objet d’une surveillance obligatoire et doivent rester sous la limite de 100 nanogrammes par litre. 

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Gaëlle Coudert

Ancienne avocate parisienne reconvertie en journaliste basée dans les Pyrénées-Atlantiques, Gaëlle s’est spécialisée sur les sujets liés à l'écologie. Elle a cofondé le magazine basque Horizon(s), a été rédactrice en chef d'ID, l’Info Durable et rédige aujourd’hui des articles pour divers médias engagés dont Deklic. Ses passions : le sport (surf, yoga, randonnée) et la musique (guitariste et chanteuse du groupe Txango)

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