Comprendre : le rejet de l’eau de Fukushima au Japon
Le point sur l’opération de rejet des eaux usées de la centrale nucléaire de Fukushima, au Japon, accidentée lors du tsunami de 2011. Une opération qui devrait s’étendre dans les temps, pour se terminer en 2050.
Depuis jeudi 24 août, les eaux usées de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima sont rejetées dans l’océan Pacifique. Il s’agit d’une première opération de déversement qui devrait durer environ 17 jours, au cours de laquelle 7800 m3 d’eau de la centrale seront rejetés en mer, à raison de par jour. Ces eaux usées ont été filtrées et débarrassées de la majorité des substances radioactives, hormis le tritium, une substance radioactive qui n’est dangereuse qu’à des doses fortement concentrées, selon les experts. Cette opération n’est que la première d’une longue série, dans la mesure où le Japon prévoit d’évacuer plus de 1,3 million de m3 d’eaux usées stockées jusqu’à maintenant sur le site de la centrale. Cela s’étalera sur près de trois décennies. Ainsi, 500 000 litres par jour au maximum rejoindront l’océan. Les eaux stockées proviennent d’eau de pluie, des nappes souterraines et des injections nécessaires pour refroidir les cœurs des réacteurs entrés en fusion après le tsunami de mars 2011 qui avait dévasté la côte nord-est du Japon.
Ce déversement est-il dangereux pour l’environnement ?
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui supervise le projet, a jugé qu’il était conforme « aux normes internationales de sûreté » et qu’il aura un impact radiologique « négligeable sur la population et l’environnement ». Le feu vert de l’AIEA a ainsi été donné au mois de juillet 2023. Tokyo Electric Power (Tepco), l’opérateur de la centrale nucléaire, s’est fixé un niveau de radioactivité de maximum 1500 becquerels (Bq) par litre des eaux déversées (diluées avec de l’eau de mer), soit 40 fois moins que la norme nationale japonaise alignée sur la norme internationale (60 000 BQ/litre). Cette concentration est également sept fois inférieur au plafond établi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’eau potable (10 000 Bq/litre).
Une solution controversée
Malgré l’aval de l’AIEA, la décision de Japon ne plaît pas à tout le monde, notamment à ses voisins chinois. Le 24 août 2023, la Chine a demandé au Japon de « mettre fin à cette action répréhensible ». « L’océan est le bien commun de l’humanité. Le déversement imposé dans la mer de l’eau contaminée issue de la centrale nucléaire de Fukushima est une action extrêmement égoïste et irresponsable qui ne tient aucun compte de l’intérêt public international » a ajouté le Ministère des affaires étrangères chinois dans un communiqué. Pour le Ministère chinois, « le gouvernement japonais n’a pas prouvé la légitimité » de ces rejets, « ni qu’ils sont inoffensifs pour le milieu marin et la santé humaine ». Le même jour, la Chine a annoncé la suspension de l’ensemble des importations de produits de la mer japonais. Greenpeace a également dénoncé, dans un communiqué du 22 août, le choix du Japon : « Le gouvernement japonais a opté pour une fausse solution – des décennies de pollution radioactive délibérée de l’environnement marin – à un moment où les océans du monde sont déjà soumis à d’immenses pressions. »
Le déversement des eaux s’inscrit dans le cadre d’un nettoyage plus complet de la centrale qui a été accidentée il y a plus de 10 ans. Les débris radioactifs et les carburants nucléaires des trois réacteurs entrés en fusion devront également être retirés. Ces deux tâches à venir seraient les plus dangereuses.
Source : AFP
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