COP16 sur la biodiversité : la Colombie propose d’accueillir le sommet en 2024
Après le retrait de la Turquie, la Colombie a proposé d’accueillir la COP16 sur la biodiversité l’an prochain. Une candidature aussitôt saluée par les défenseurs de l’environnement.
Un volontaire de choix pour la Conférence des Parties consacrée aux enjeux de biodiversité. « La Colombie s’est proposée, nous attendons la réponse », a déclaré la ministre de l’Environnement Susana Muhamad, dans un communiqué publié lundi soir tard en marge de la COP28 sur le climat. « Cela représente une magnifique opportunité pour la nation qui abrite le plus de biodiversité par hectare dans le monde », a-t-elle vanté.
En raison des tremblements de terre qui ont frappé le pays, la Turquie avait renoncé cet été à accueillir la COP16. La Convention des Nations unies sur la diversité biologique (CDB) en avait alors appelé aux pays volontaires pour accueillir l’événement à se manifester « dès que possible ». Le sommet pourrait avoir lieu à des dates proches ou similaires à celles initialement arrêtées : du 21 octobre au 1er novembre 2024.
10% de la biodiversité de la planète
Le WWF a salué la candidature colombienne, soulignant que le pays abritait « près de 10% de la biodiversité de la planète » et une partie de la forêt amazonienne.« Le leadership de la Colombie dans les négociations internationales en lien avec les agendas sur la biodiversité, le climat et le développement durable – ainsi que sa politique nationale en matière de biodiversité – apporterait une autorité énorme à sa présidence », a jugé Ximena Barrera, de WWF Colombie.
Avec cette proposition, le pays d’Amérique Latine semble affirmer encore davantage son engagement écologique. Quelques jours plus tôt, lors de la COP28 à Dubaï, la Colombie est devenue le premier pays continental et producteur majeur de pétrole à rejoindre une coalition menée par des petits pays insulaires pour demander un traité de non-prolifération des énergies fossiles. « Ce n’est pas un suicide économique, c’est l’homicide de la planète que nous empêchons », a expliqué son président Gustavo Petro. En janvier 2023, son gouvernement avait annoncé qu’il ne signerait plus de contrat d’exploration pour les hydrocarbures.
Des COP sur la biodiversité tous les deux ans
À la différence des Conférences des Parties sur le climat qui sont annuelles, ces COP consacrées à la biodiversité se tiennent tous les deux ans, dans le cadre de la CDB signée après le Sommet de la Terre de Rio en 1992. La dernière édition, qui devait initialement se tenir en Chine en 2020, avait été repoussée en raison du Covid-19 pour avoir finalement lieu à Montréal, en décembre 2022.
La COP15 avait débouché sur un accord historique le dernier jour des négociations : l’adoption du Cadre mondial pour la biodiversité (CMB) Kunming-Montréal. Les représentants de 188 gouvernements s’étaient accordés sur une feuille de route visant notamment à protéger 30% de la planète d’ici 2030. C’est sur celui-ci que s’appuie la Stratégie Nationale Biodiversité 2030 (SBN), présentée fin novembre par la Première ministre Elisabeth Borne. « Ce texte ne casse pas la baraque, mais il sauve les meubles », synthétisait Pierre Cannet, directeur du plaidoyer à WWF France au micro de Franceinfo en décembre 2022. Alors que près de 2500 lobbyistes des énergies fossiles ont infiltré la COP28 sur le climat, doit-on s’attendre à la présence record des lobbies des pesticides à la COP 15 sur la biodiversité ?
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