En pleine canicule, la fréquence des vagues-submersion pourrait être multipliée par cinq d’ici 2050

Par Charlotte Combret , le 12 avril 2024 - 3 minutes de lecture
Saint-Malo, France

Saint-Malo, France. Crédit : Jérôme Gilles / NurPhoto / AFP

Le risque de survenue simultanée d’une canicule et d’une submersion marine, due aux tempêtes en période de fortes marées, est multiplié par le réchauffement climatique et l’élévation continue du niveau des mers, selon une étude publiée jeudi 11 avril qui promeut l’adaptation des populations côtières face à cette menace.

Les chaleurs extrêmes et la montée du niveau des mers sont généralement étudiées séparément, mais des chercheurs de l’Université polytechnique de Hong Kong ont constaté que les deux phénomènes se cumulent et que la fréquence des vagues-submersion en pleine canicule pourrait être multipliée par cinq d’ici le milieu du siècle.

Ces événements font peser des menaces « très dangereuses » sur les communautés littorales, cumulant la surmortalité des canicules aux inondations, dans des proportions qui pourraient « dépasser leur capacité d’adaptation », a déclaré à l’AFP l’auteur principal de l’étude, Mo Zhao.

Tempêtes + canicules

Des études antérieures ont déjà établi que la chaleur alimente les régimes de tempête, tels que les cyclones tropicaux, qui provoquent une montée ponctuelle du niveau des mers, a déclaré son co-auteur Shuo Wang, expert des extrêmes hydroclimatiques.

Leur étude, publiée dans la revue Communications Earth & Environment, démontre que les températures élevées ne précèdent pas seulement les tempêtes, mais qu’elles persistent pendant celles-ci, laissant les populations à la merci des deux extrêmes.

Les zones côtières du monde ont déjà vu ces événements combinés se produire en moyenne 3,7 jours de plus par an entre 1998 et 2017 par rapport aux deux décennies précédentes.

D’ici 2049, prévoit l’étude, ces événements augmenteront en moyenne de 31 jours par an si l’humanité poursuit sans relâche ses émissions actuelles de gaz à effet de serre à l’origine du réchauffement climatique.

L’Afrique et la côte est de l’Amérique du Sud connaîtraient les augmentations les plus importantes, selon les auteurs.

900 millions de personnes concernées

Près de 900 millions de personnes dans le monde vivent dans des zones côtières de basse altitude, selon une étude publiée en 2023 par l’université de Cambridge, qui prévoit une augmentation d’un tiers dans les prochaines décennies.

Pour les populations concernées, la solution ne peut pas se résumer à installer la climatisation. Non seulement elle n’est pas généralisée dans les pays pauvres, souligne l’étude, mais elle est gourmande en énergie et exposée aux coupures d’électricité, fréquentes lors des tempêtes.

« Si nous prenons des mesures urgentes pour atténuer le changement climatique, la situation s’améliorera », estime Shuo Wang. Mais dans un monde déjà réchauffé d’au moins 1,2°C depuis l’ère pré-industrielle, ces événements extrêmes ne peuvent totalement être évités.

Les gouvernements doivent donc déjà investir dans l’adaptation des infrastructures côtières afin de mieux protéger les populations, et dans des systèmes d’alerte précoce, recommande M. Wang.

(Avec AFP)

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Charlotte Combret

Issue d’une grande école de commerce, Charlotte délaisse rapidement les open spaces parisiens pour s’engager dans la voie de l’indépendance. Son désir de lier pédagogie et poésie la conduit à devenir journaliste rédactrice, dans les Landes, pour des entreprises et médias engagés. Ses passions : le cinéma animalier, les voyages en train, les lectures féministes et les jeux de mots en tout genre.

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