En quoi cette canicule tardive est-elle exceptionnelle ?
Une vague de chaleur intense concerne de nombreux départements depuis plusieurs jours avec des températures élevées de jour comme de nuit. Une canicule qui peut être qualifiée d’exceptionnelle pour plusieurs raisons. Analyse.
Une vague de chaleur intense s’est abattue sur la France au cours de la deuxième quinzaine du mois d’août, marquant le pic de chaleur de l’été 2023. Le département du Rhône a été le premier à être touché par une alerte orange canicule le 10 août, suivis par 49 autres départements de la moitié sud du pays lors du week-end du 19.
Un dôme de chaleur s’est installé en Méditerranée : cette zone de basse pression agit comme un couvercle, empêchant l’arrivée des perturbations telles que les nuages et les pluies, et réchauffant par effet de compression la température de l’air au fil des jours.
Ce dôme de chaleur englobait l’Afrique du Nord, l’Espagne et le Sud de notre pays, avant de se déplacer légèrement vers le Nord en ce début de semaine, entraînant une hausse des températures dans des régions telles que l’Aquitaine, la Bourgogne et l’Alsace, qui sont également concernées par une alerte orange. Cet épisode de températures très élevées peut être qualifié d’exceptionnel en raison de plusieurs facteurs : sa période tardive, son intensité, sa durée et son étendue.
🥵 Un épisode tardif et intense
Même si les canicules peuvent se produire entre la mi-juin et le début du mois de septembre, leur occurrence après le 15 août est statistiquement moins probable, car les centres d’action météorologiques (anticyclones et dépressions qui influencent le temps) deviennent beaucoup plus mobiles, laissant moins de place à des situations de blocage anticyclonique comme celle que nous connaissons actuellement.
De plus, les journées raccourcissent – nous perdons 30 min de jour tous les 10 jours – ce qui réduit l’amplitude diurne et limite la hausse du thermomètre. Cette canicule est d’autant plus exceptionnelle qu’elle est durable, avec près de 10 jours pour les régions du Centre-Est. Elle est également très étendue, touchant près des ¾ du pays, et se manifeste par des températures très élevées, tant le jour que la nuit.
Son intensité risque aussi de la faire entrer dans les annales. Le dimanche 20 août, la barre des 42°C a été atteinte dans la Drôme avec plusieurs records absolus de chaleur battus, et donc des températures maximales jamais atteintes dans certaines stations météorologiques tout mois confondus.
Mardi 22 août, la barre des 43 degrés a aussi été franchi dans ce département, établissant de nouveaux nombreux records, dont certains dataient d’ailleurs de la canicule de référence en 2003 qui s’était produite au cours de la première quinzaine du mois d’août.
19 départements ont été placés en vigilance rouge, le plus haut niveau d’alerte, entre l’Occitane, la région Rhône-Alpes et la région PACA.
💦 Des vagues de chaleur de plus en plus tardives
Une canicule exceptionnelle pour cette période de l’année, qui pourrait être amenée à se reproduire dans un contexte de réchauffement climatique. Depuis le début des années 2000, les fins de mois d’août connaissent d’ailleurs une augmentation significative du nombre de vagues de chaleur. Six événements de ce type ont marqué l’actualité par le passé, en 2001, 2009, 2012, 2016 et 2019.
La vague de chaleur tardive d’août 2012 était, avant celle de cette fin d’été 2023, la plus longue et la plus intense après un 15 août en France. Elle avait persisté 6 jours (du 16 au 22 août), dont 4 jours de canicule,) et avait concerné les deux tiers du pays. Plus de 20 stations météorologiques métropolitaines avaient alors dépassé la barre des 40°C, étendant la chaleur jusqu’à la région de la Loire et de la Bourgogne. Des records mensuels datant de 2003 avaient également été battus lors de cet événement : par exemple, Montgivray (36) avait atteint 42,3°C le 18 août, tandis que Paris avait enregistré 38°C.
☀️Les 40 degrés la norme ?
Le seuil des 40 degrés n’a été dépassé qu’une seule fois par décennie entre 1950 et 1980, sur les 155 stations de mesure du réseau principal. Dans les années 80, les 40°C ont ensuite été atteints 3 fois, puis 4 fois dans les années 1990 (en 1993, 1994, 1995 et 1998). Plus généralement, depuis 2008, au moins une station de mesure enregistre des températures supérieures à 40°C chaque année (à l’exception de 2014).
Les 40°C sont donc atteints de manière plus fréquente, mais aussi plus tôt dans la saison, comme en témoigne la canicule de juin 2022, mais aussi désormais dans des villes du Nord du pays, comme ce fut le cas en 2019 à Brest et à Paris.
La canicule de la fin août 2023 démontre aussi que ces températures peuvent aussi désormais persister tard dans la saison.
Aussi, comme le précise Météo France, avec le changement climatique, la France fait face à des vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses. Le recensement des vagues de chaleur depuis 1947 montre clairement une augmentation de leur fréquence et de leur intensité au fil du temps.
L’occurrence de celles-ci, qui était en moyenne d’un été tous les 5 ans avant 1989, est devenue annuelle depuis l’an 2000. Ces événements climatiques extrêmes sont une manifestation directe des changements climatiques en cours. Les températures records battues année après année, les épisodes prolongés de chaleur intense témoignent de cette réalité.
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