Froid en France : n’en fait-on pas trop ?
Le froid fait (enfin) son arrivée en France avec des températures maximales qui resteront négatives dans certaines régions ces prochains jours. Une actualité qui fait la Une des médias depuis plusieurs jours, même si cet épisode ne remplit pas tous les critères d’une « vague de froid ». Alors n’en fait-on pas un peu trop ?
Les bonnets et les gants sont de retour. Peut-être même l’occasion de sortir enfin ce gros pull à col roulé que vous avez reçu en cadeau à Noël. Vous l’avez sans doute ressenti ce lundi matin, les températures ont bien chuté et ont enregistré des valeurs négatives dans de nombreuses régions. Près de -3 degrés enregistrés à Rouen ou encore à Lille, -2 degrés à Beauvais et même à Caen. Si ce froid devrait se montrer plus intense à l’Est, il concerne aussi d’autres régions comme le Centre avec des températures négatives même les après-midis à Orléans, au Mans ou encore à Tours.
La journée de mardi devrait être la plus froide, avec des températures négatives en matinée sur la quasi-totalité du pays et un indicateur thermique national (moyenne de la température relevée dans 30 stations météorologiques du territoire) qui devrait afficher 0 °C.
De ce fait, le terme « vague de froid polaire » fait la Une de tous les médias depuis le week-end dernier, pourtant il est utilisé à tort et son intensité est aussi à relativiser.
Non ce n’est pas une vague de froid !
Bien que le froid se fasse sentir, parler de « vague de froid » est pour le moment techniquement incorrect. Comme c’est aussi le cas pour une vague de chaleur, plusieurs critères doivent être remplis pour que l’on puisse l’employer.
Comme le rappelle Météo-France, pour qu’une vague de froid soit considérée comme telle, il faut que la température moyenne nationale passe au moins une fois sous − 2 °C ; et ne remonte pas durablement (plus de deux jours) au-dessus de 0,9 °C . Aussi, les vagues de froid sont caractérisées à l’échelle d’une région lorsque l’épisode dure au moins deux jours et que les températures atteignent des valeurs nettement inférieures aux normales saisonnières de la région concernée.
Et pour ces prochains jours, ces deux critères ne sont pas réunis. La température moyenne nationale ne devrait pas dépasser les – 1° mardi, journée la plus froide. On doit donc plutôt parler d’un épisode de froid marqué.
Des épisodes de froid bien plus intenses dans le passé
Dans un contexte de réchauffement climatique, les épisodes de froid sont de moins en moins fréquents, ce qui explique le caractère plus remarquable de celui-ci. Météo France précise ainsi que les vagues de froid sont devenues « plus rares, moins longues et moins intenses » au cours des trente-cinq dernières années.
Les plus jeunes s’en étonnent donc. Pourtant, depuis les années 50, la France a été concernée par plusieurs vagues de froid, bien plus intenses que celle que nous connaissons actuellement. Pour rappel, le 30 janvier 1956, à Paris, la température avait chuté jusqu’à -20°C durant tout le mois de février. Cette vague de froid d’une durée de 26 jours, a touché plusieurs régions et a causé la mort de 147 personnes, et la destruction de la moitié des cultures de l’époque.
L’hiver 1985 a, quant à lui, été considéré comme le plus froid de tous les temps, cette période a vu des chutes de températures records, dont à -41°C dans le Jura.
Aussi, du 26 décembre 2008 au 13 janvier 2009, un froid polaire provenant de la Russie faisait chuter les températures jusqu’à -18°C dans le nord de l’Oise. En 2012, entre les 4 et 12 février, des températures de -10 °C à -14 °C ont été observées quotidiennement sur plusieurs régions. Localement, le froid fut parfois plus marqué encore avec des valeurs inférieures à -16 °C, voire -18 °C jusqu’à basse altitude.
Enfin, le dernier en date remonte à 2018 : le 27 février avait été la journée la plus froide de l’hiver avec des températures descendues jusqu’à -10 à -15 °C sur un large quart nord-est.
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