Le Greenhouse Gas Protocol (GHG) : tout savoir

Par Wanis Cassim , le 17 juillet 2024 — engagement écologique, pollution, réchauffement climatique - 10 minutes de lecture

En 2014, Le GIEC publiait son cinquième rapport qui montrait notamment que les industries, qui n’avaient pas réduit leurs émissions de gaz à effet de serre pendant la dernière décennie, étaient responsables de 21 % des émissions gaz à effet de serre mondiales ! Une responsabilité qui n’était déjà pas une grande publicité il y a 10 ans.
Afin de mesurer les émissions de gaz à effet de serre des industries, des entreprises, ou encore des secteurs, le Greenhouse gas protocol a été mis en place. Alors, découvrons ensemble à quoi il sert précisément et comment il marche !

Un peu de contexte

En 1998, le protocole de Kyoto est signé. Ce protocole est historique car il permet de définir des outils de mesures de gaz à effet de serre (GES) afin de mieux lutter contre leur prolifération dans l’atmosphère. A l’époque, ce sont les Etats et les organisations internationales qui déterminent les normes et leurs moyens de mesures. 

Pour autant, le secteur privé ne compte pas rester témoin de ces changements massifs. En effet, en introduisant des normes, la possibilité de sanctions si elles ne sont pas respectées apparaît. 

Parallèlement, fin 1997, le WRI (World Ressources Institute) un think tank environnemental, rencontre la WBCSD (World Business Council for Sustainable Development) une coalition de 190 entreprises internationales pour établir un partenariat entre les ONG et les entreprises afin de créer une norme standard de calcul des émissions de gaz à effet de serre

Le rapport intitulé « Safe Climate, Sound Business » sort en 1998 avec une collaboration entre des grandes entreprises (BP ou General Motors) et le WRI. Ce rapport établit un premier programme d’action et souligne la nécessité d’une technique de calcul standardisé des émissions de gaz à effet de serre.

Les entreprises comme les ONG sont claires. Pour lutter efficacement contre les émissions de gaz à effet de serre émises par les industries mondiales, il faut se mettre d’accord sur une méthode, un protocole.

En 2001, la première édition du Greenhouse Gas Protocol voit le jour. Ce protocole est établi par des ONG (WWF, Institute for Energy Research, Pex Research Center) et des entreprises privées (Shell, Tokyo Electric, etc). C’est plus de 200 organisations et entreprises qui travaillent à l’élaboration de ce protocole.

Le GHG tente de normer les mesures de gaz à effet de serre autant que les méthodes pour les réduire, et ce, de façon mondiale pour être plus efficace.

Le Greenhouse Gas Protocol, c’est quoi ?

Le projet du GHG est simple, c’est une aide, une méthode qui vise à établir un cadre commun pour mesurer les GES émis par les différentes industries mondiales afin de mieux lutter contre celles-ci.

Ce cadre permet de mesurer les GES avec une seule méthodologie pour toutes et tous. Ainsi, l’analyse des données est plus facile et les leviers pour lutter contre les émissions de GES des industries sont plus efficaces.

Le GHG, comment ça fonctionne ?

Le GHG se base sur : 

  • la mesure de 6 gaz à effet de serre
  • trois scopes qui déterminent l’origine de ces GES
  • quatre étapes pour favoriser la lutte contre les GES

Les 6 gaz mesurés par le GHG

Tout le monde connaît les émissions de dioxyde de carbone (CO₂), pourtant, d’autres gaz émis par les activités humaines sont concernés.

Le dioxyde de carbone (CO₂) : c’est le plus connu. Il est issu des activités agricoles et d’élevage, de la déforestation de l’urbanisation à outrance. Plus encore, la combustion des énergies fossiles rejettent une grande quantité de ce gaz dans l’atmosphère.

🧯Les perfluorocarbones (PFC) :  tout ce qui fait du froid dégage ce gaz mauvais pour l’atmosphère. On peut citer la climatisation et tout autre système de froid, ou encore les extincteurs !

🛢️ Les hydrofluorocarbones (HFC) : l’industrie minière et pétrolière est la principale responsable des émissions de ces gaz à effet de serre. Les décharges rejettent aussi ces gaz.

🐮Le méthane (CH4) : ce n’est pas une légende, les flatulences et autres activités lié à l’élevage bovins (et de ruminants en général) a un impact sur la planète à cause du rejet de ce gaz à effet de serre bien plus puissant (25 fois plus “efficace” pour provoquer un effet de serre que le CO₂).

🏎️Le protoxyde d’azote (N2O) : l’industrie du froid et l’industrie automobile sont les principales responsables des émissions de ce type de gaz à effet de serre.💊L’hexafluorure de soufre (SF6)  : les entreprises pharmaceutiques sont les principales responsables des émissions de ce gaz à effet de serre.

Les trois scopes pour déterminer l’origine des GES dans l’organisation de l’entreprise

Pour mesurer avec précision les émissions, on les classe en fonction de leurs origines et leurs rôles au sein de l’entreprise. Ces scopes sont utilisés en dehors du GHG, par la SBTi par exemple, un organisme de notation qui offre une certification écologique à des entreprises.

Scope 1

Le scope 1 représente les émissions directes de l’entreprise. L’entreprise émet des GES, par les voitures de sa flotte, les serveurs qu’il héberge ou encore les machines qui produisent.

Scope 2

Le scope 2 concerne les émissions indirectes liées à la consommation énergétique de l’entreprise. Pour faire tourner une machine, un ordinateur, ou bien même déclarer des bureaux ou une usine, il faut de l’électricité, du gaz, ou encore du charbon. Les émissions de ces énergies sont décomptées dans ce scope.

Scope 3

Le scope 3, lui, concerne les émissions indirectes. Tout ce qui n’est pas lié aux émissions directes ou aux émissions liées à la consommation énergétique de l’entreprise sont comptabilisées dans ce scope. Le transport des marchandises, les émissions des sous-traitants, et même les GES émis lors du minage des matières premières doivent être pris en compte.

👋Pour calculer l’empreinte carbone d’un produit, les scopes peuvent être utilisés.

Les quatre étapes pour favoriser la lutte contre les GES avec le Greenhouse Gas Protocol

Afin de mieux lutter contre les émissions de gaz à effet de serre d’une entreprise, il faut pouvoir les mesurer. Pour cela, elle peut suivre Le GHG protocole qui se divise en 4 grandes étapes.

Définir le champ d’études

Pour que les calculs soient précis, il faut déterminer un cadre dans lequel on pourra analyser les émissions de GES. Il faut donc définir les entreprises et les activités concernées par cette étude sur une période précise.

Faire l’inventaire  et le calcul des émissions de GES

Une fois le cadre d’analyse posé, on mesure les émissions de GES et on les convertit en équivalent CO₂.

🧑‍🏫Comme nous l’avons vu le méthane possède un effet de serre plus grand que le dioxyde de carbone. Et c’est la même chose pour les autres gaz qui ne possèdent pas la même “puissance” d’effet de serre. Afin de lisser les données, on a inventé l’équivalent CO₂ (eqCO 2) qui permet de standardiser les calculs en mesurant la quantité de CO₂ qui provoquerait le même effet.

Contrôler la fiabilité et la qualité des résultats

Une fois les données acquises, il faut en vérifier la fiabilité. Pour cela, on fait un “calcul d’erreur” (aussi appelé calcul d’incertitude) en répondant à la norme ISO 14064.

Datant de 2006, cette norme permet de faire une déclaration d’émissions de gaz à effet de serre qui soit compatible avec les autres normes ISO (ISO 14001 et ISO 50001). 

Elle a été publiée pour la première fois en 2006. L’objectif était de créer un modèle de déclaration des gaz à effet de serre qui soit pleinement compatible avec les normes ISO établies pour le management de l’énergie et de l’environnement (ISO 14001 et 50001).

Interpréter les résultat et en tirer les conséquences adéquates (H4)

Une fois les résultats vérifiés, il est temps de passer à l’action en définissant des obligations de réduction pour l’entreprise et un plan d’action concret.

👋Le bilan carbone, développé par l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise d’énergie), est une autre méthode de mesure des GES, qui se base tout de même en partie sur le Greenhouse Gas Protocol.

Le GHG, pour quoi faire ?

Est-ce que le GHG sert véritablement aux entreprises ? N’est-ce pas une sorte de green washing ? Et bien, non !

Créer une méthodologie standard pour calculer les émissions de GES d’une entreprise

Avoir une méthode en main est bien plus simple pour appliquer des choses aussi complexes que les mesures des GES. Sans cette méthode, toutes les entreprises devraient se débrouiller seules. Inventer des techniques, des calculs, et des protocoles de vérification des données. 

Au-delà de ce problème très concret, sans une uniformisation des méthodes et des données (utilisation d’une unité commune l’équivalent CO₂ par exemple), l’analyse des données à plus grandes échelles aurait été impossible !

Favoriser l’établissement d’un inventaire précis et fiable

En définissant un cadre stable et qui englobe l’ensemble des activités et des sources d’émissions pour mesurer les GES (à l’aide des scopes), on peut établir un inventaire précis des émissions de GES. Toute exclusion d’un secteur d’activités doit ainsi être justifiée.
En fournissant des aides secteurs par secteurs, le GHG permet de gagner un temps précieux pour faire l’inventaire des émissions de GES, sans pour autant bâcler le travail.

Aider les entreprises à réduire leurs émissions de GES

C’est naturellement l’objectif principal de GHG. Grâce à son aide, les entreprises peuvent mieux comprendre leurs émissions, première étape pour les réduire

Dans une époque où la conscience écologique est plus éveillée que jamais dans les sociétés occidentales, afficher sa volonté de rendre sa marque moins polluantes est un argument marketing à ne pas négliger.

Fournir des données fiables aux scientifiques

En offrant une méthode standardisée aux entreprises pour calculer leurs émissions de GES, le GHG permet aussi de normer les données des secteurs industriels privés, qui représente une partie non négligeable des émissions de GES mondiales. Le Greenhouse Gas Protocol est une méthode de calcul des émissions de gaz à effet de serre. Si elle n’est pas contraignante, elle permet aux entreprises de faire le premier pas dans la réduction des GES, en démontrant que cela ne signifie pas forcément une décroissance économique ou une perte de rentabilité. Au contraire, cela permet de mieux cerner l’entreprise et d’optimiser ainsi son fonctionnement ! 😎

Sources :

https://ghgprotocol.org

https://ghgprotocol.org/sites/default/files/ghgp/standards/ghg_protocol_french-2001.pdf

Wanis Cassim

Après des études de philosophie, Wanis décide de laisser la théorie afin d’agir à sa façon en faveur de l’écologie. Passionné de science-fiction, de nouvelles technologies aussi bien que de la nature, il tente d’allier ses centres d’intérêts dans son travail de rédacteur Web.

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