Infographie : la quantité de déchets des Français stagne, mais le recyclage progresse
Alors que la quantité mondiale de déchets générés augmente, la France parvient à limiter son impact. Grâce, notamment, à l’augmentation de la part de ses déchets recyclés ou réutilisés.
Les statistiques et les chiffres pleuvent, et il n’est pas toujours facile de s’y retrouver. Entre la pollution plastique, les déchets ménagers ou ceux de l’industrie, les objets recyclés, enfouis ou incinérés, les kilos et les tonnes s’alignent sans que l’on comprenne vraiment l’ampleur du problème et les actions à mener pour le résoudre.
L’enjeu est pourtant de taille : les composants des déchets polluent l’environnement, les 170 milliards de morceaux de plastique à la surface des océans détruisent la biodiversité marine, l’incinération libère du CO2 et un cocktail de gaz polluants, et certains déchets sont tellement problématiques qu’on les exporte vers des pays moins regardants.
Les déchets électroniques sont venus aggraver la situation, les tonnes s’accumulant sans que l’on parvienne à les collecter et à les recycler. On détruit même les métaux précieux (cuivre, or, argent, platine…) que contiennent leurs composants.
Et la Banque mondiale n’est pas très optimiste quant à notre faculté à faire chuter les courbes. « Sous l’effet de l’urbanisation rapide et de la croissance démographique, la quantité de déchets produits chaque année dans le monde devrait grimper à 3,4 milliards de tonnes au cours des trois prochaines décennies. »
Moins de déchets et plus de recyclage, les clés
Bon, heureusement, il y a des solutions. Et pour une fois, la France est plutôt dans le coup. C’est la moindre des choses, pourrait-on dire, quand on sait que les pays à revenu élevé – dont elle fait partie – génèrent plus d’un tiers (34 %) des déchets de la planète, alors qu’ils ne rassemblent que 16 % de la population mondiale.
« Une mauvaise gestion des déchets est néfaste pour la santé humaine et pour l’environnement. Malheureusement, ce sont souvent les plus pauvres qui en souffrent le plus, souligne Laura Tuck, vice-présidente de la Banque mondiale pour le Développement durable. Or, il est possible de faire autrement. C’est un des défis du changement climatique. »
Comme toujours, il n’existe pas de solution miracle mais une combinaison de bonnes pratiques, allant de la sobriété – le meilleur déchet étant celui qui n’existe pas – au recyclage massif. « Nous devons utiliser et réutiliser nos ressources en permanence pour éviter qu’elles ne finissent à la décharge », assène Laura Tuck. Et pour celles et ceux qui tiennent les cordons de la bourse, et qui pourraient se montrer réticents, Silpa Kaza, spécialiste du développement urbain à la Banque mondiale, a un argument : « Des déchets non collectés et mal traités ont des conséquences graves sur la santé et l’environnement. Et ces effets ont un coût plus élevé que celui associé à la mise en place et à l’exploitation de systèmes de collecte et de traitement simples et adaptés. » En clair, bien gérer les déchets est – aussi – une évidence économique.
Si l’on regarde côté sobriété, on reste un peu sur notre faim. Les quantités de déchets produits ont plutôt tendance à stagner dans les pays riches, et à augmenter dans les pays qui connaissent actuellement une croissance rapide.
En France, autant de déchets mais plus de recyclage
En Europe, la France longe plus ou moins la moyenne du continent. À noter que la Suède et la Finlande, des pays souvent cités comme modèles dans tout un tas de domaines, sont cette fois-ci parmi les mauvais élèves de la classe. La Finlande étant tout simplement le plus gros producteur de déchets par habitant en Europe, tandis que la Suède ferme le podium derrière la Bulgarie. Si la Turquie produit très peu de déchets, elle fait face à un autre problème : elle est devenue la première destination des rebuts de l’UE depuis que la Chine a interdit les importations de déchets plastiques en 2018. L’ONG Human Rights Watch note par exemple que les importations de déchets plastiques ont augmenté de plus de 1200 % entre 2016 et 2020.
Parmi ces tonnes accumulées, on distingue généralement les déchets ménagers et assimilés, c’est-à-dire les déchets usuels collectés et traités par les services publics. Ils représentent environ 10 % des déchets produits en France en 2019, soit en moyenne 525 kg par habitant. Si cette production a faiblement diminué ces quinze dernières années, et est encore loin de l’objectif de réduction de 10 % à atteindre entre 2010 et 2020 (fixé par la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte en 2015), on peut en revanche souligner que les quantités de déchets collectées en porte-à-porte (votre fameuse poubelle grise) connaissent une baisse significative (- 24 % entre 2005 et 2019). Sur cette même période, les déchets destinés au tri (matériaux recyclables, déchets verts et biodéchets, encombrants, déchets dangereux) sont en augmentation (+ 36 %).
Une tendance française qui matche avec les objectifs de l’UE en matière de recyclage et de mise en décharge, visant à favoriser la transition vers le modèle plus durable de l’économie circulaire. D’ailleurs, à l’échelle européenne, le Parlement note que « 49.6% des déchets ménagers générés en 2021 ont été recyclés ou compostés, soit une augmentation de 3.6 points par rapport à 2017. L’UE a fixé un objectif de 60 % de réutilisation et de recyclage des déchets municipaux d’ici 2030. L’Allemagne, la Bulgarie, l’Autriche et la Slovénie ont déjà atteint ou dépassé cet objectif ».
La loi comme levier
Le cadre législatif et réglementaire ne cesse d’évoluer pour pousser les décideurs à prendre des mesures capitales en matière de financement, de politique et de planification de la gestion des déchets. Les directives n’ont pas toutes le même impact, mais s’articulent autour d’objectifs communs : réduire les déchets et optimiser le recyclage. En France, l’un des textes majeurs est la « Loi anti-gaspillage pour une économie circulaire » qui date de 2020 et prévoit notamment des actions pour stopper le gaspillage (ne plus détruire les invendus, faciliter la réparation, valoriser les déchets du bâtiment), inciter les industriels à une meilleure gestion des déchets (système de bonus/malus), mieux informer le consommateur (indice de réparabilité, logo de tri, couleur des poubelles), ou encore améliorer la collecte des déchets pour lutter contre les dépôts sauvages.
Si l’effort à fournir reste immense, la France est engagée dans la bataille contre les déchets. Les siens ont diminué de 8% entre 2018 et 2020 selon les derniers chiffres (décembre 2022). Entre 2017 et 2019, le nombre d’emplois liés aux activités de gestion des déchets a augmenté de 9%. Sur la même période, le budget alloué à la gestion des déchets a augmenté de 7% pour atteindre 20,6 milliards d’euros. Selon l’Ademe, près de 50% des Français habitent un territoire engagé dans une procédure zéro déchet – zéro gaspillage. Autant de petites choses qui, mises bout à bout, en font une grande : en France, 18,6 millions de tonnes d’émissions de CO2 ont été évitées par le recyclage en 2019.
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