Julie de Banana Pancakes, influenceuse écolo avant l’heure
Julie Laussat, 38 ans, est une des premières influenceuses zéro déchet. Elle a lancé son blog Banana Pancakes, il y a plus de dix ans, et est toujours suivie par plus de 30 000 personnes sur son compte Instagram Julie Pancakes. Depuis 2020, elle a cofondé un magazine consacré au jardinage, Veír Magazine. Son objectif pour la fin de l’année : sortir un hors-série pour Veír et poster un peu plus sur Banana Pancakes !
Tu as démarré ton tout premier blog en 2008. De quoi s’agissait-il ?
J’ai lancé en 2008 un blog de cuisine, un genre de carnet de recettes. C’était le tout début des blogs. Je suis rentrée par ce biais-là, puis petit à petit, j’ai commencé à parler d’autres choses, notamment de produits de beauté. J’ai donc ajouté une catégorie Lifestyle sur le blog. Ça s’est transformé en « Banana Pancakes » en 2011. Je l’ai repensé comme un blog Lifestyle à ce moment-là, mais il n’était pas orienté écologie au départ. A ce moment-là, je lisais beaucoup de contenu autour du zéro déchet, notamment celui de Béa Johnson (influenceuse et autrice zéro déchet basée aux États-Unis), et j’en parlais aussi dans mon blog. Peu de temps après, en 2011 ou 2012, j’ai vraiment fléché mon blog vers l’écologie. J’ai gardé le même nom de « Banana Pancakes », qui est le nom d’une chanson de Jack Johnson, mon chanteur préféré.
Quand tu as commencé à parler d’écologie, que publiais-tu comme type de contenu ?
J’avais deux types de contenu : du contenu très informationnel tout d’abord. J’étais alors en thèse de droit et je m’intéressais déjà à l’environnement. Je faisais des articles par exemple sur le danger du plastique pour les tortues. J’écrivais aussi des articles plus pratiques, parce qu’autour de 2011, je suis tombée à fond dans le zéro déchet, donc je faisais plein de tests pour éliminer le plus de déchets possibles de chez moi. J’avais notamment des articles sur comment se lancer dans le zéro déchet ou comment utiliser les huiles végétales.
À ce moment-là, tu as eu un déclic écologique ?
J’étais enceinte en 2011, 2012. C’est vraiment le moment où j’ai switché de mode de vie. Pour moi ça a vraiment été radical. Le vrai déclic s’est fait par l’effet boule de neige de m’intéresser de plus en plus à l’écologie et le fait de tomber enceinte et de vouloir utiliser des produits nickel. C’est aussi un moment où plus de contenu sortait sur le sujet. À l’époque, le zéro déchet n’était pas trop connu. Ce dont parlait Béa Johnson, je trouvais ça incroyable, je trouvais ça brillant de tant se faciliter la vie, un peu comme Marie Kondo, avec le minimalisme. Petit à petit, je me suis dit que je pouvais aussi me simplifier la vie tout en utilisant des produits et objets plus sains pour nous et pour l’environnement.
Qu’est ce qui t’a donné envie de parler d’écologie dans un blog ?
J’en ai eu envie pour plusieurs raisons. Ça m’incitait à faire des choses, et j’apprenais beaucoup grâce aux commentaires postés et aux échanges. Il y a aussi le côté pédagogique. J’ai toujours aimé chercher l’info, la montrer et l’expliquer aux gens, c’est une forme de passation de savoirs. Je voyais aussi autour de moi que ces sujets n’étaient pas encore très admis, des gens doutaient, ce qui est moins le cas aujourd’hui. Ça me donnait envie de fouiller le sujet et d’en parler.
As-tu gardé les réflexes écologiques dont tu parlais beaucoup il y a quelques années ?
J’ai beaucoup changé dans les deux sens. Il y a des choses dont je parle moins, parce que ça me parait être la norme, comme utiliser des cotons lavables. J’ai vraiment l’impression qu’il y a eu un avant et un après que je date à la COP de 2015. Depuis, beaucoup de médias mainstream ont commencé à parler d’écologie, il y a eu beaucoup plus de tutos, de créateurs de contenu, autour notamment du zéro déchet. Certaines choses sont un peu rentrées dans les modes de vie comme apporter son propre sac au magasin. Mais il y a des choses que je fais moins parce que je me suis rendue compte aussi de la charge que c’était de trouver toujours les meilleures solutions pour tout, je m’épuisais beaucoup. C’est difficile d’être toujours nickel sur tes valeurs, tu lâches aussi un peu du lest.
Depuis 2020, tu as lancé Veír, un média papier sur le jardinage. Peux-tu en dire quelques mots ?
À l’origine, l’idée était de monter un magazine de jardinage, à la fois plus joli que ce qu’on trouvait en kiosque et qui soit complètement adapté à des personnes qui n’ont jamais jardiné. Le jardinage fait partie de l’écologie, j’en ai toujours beaucoup parlé. Comment s’occuper du potager ou de ses plantes vertes, c’est aussi des sujets pour lesquels j’étais assez lue ou suivie sur les réseaux. Je me suis rendu compte que les gens avaient besoin de conseils en jardinage, grâce aux retours des lecteurs sur le blog ou les réseaux sociaux. En 2019, j’ai lancé le gang des tomates. J’ai fait un post pour expliquer qu’il fallait arrêter de manger des tomates en janvier. Beaucoup de gens ne savaient pas comment ça poussait donc j’ai proposé de lancer le gang des tomates pour les accompagner sur les semis, la plantation, les récoltes les maladies, l’arrosage… Ça a vachement plu, maintenant c’est un hashtag avec des milliers de photos. C’est un peu ça qui nous a amenées au projet de Veír magazine, le trimestriel qu’on a lancé avec mon amie Laetitia au printemps 2020. Depuis, on a sorti quatorze numéros. L’idée avec Veír, c’est de reconnecter les gens à la nature, peu importe le biais. Ça peut être avec un potager, mais aussi juste avec un pot de tomates cerises sur son balcon, des plantes vertes, en faisant de la cueillette sauvage, en se baladant en forêt… Ce n’est pas simple de monter une entreprise de presse papier. On essaie de mettre en avant qu’il faut lâcher un peu les écrans, ça fait partie pour nous de la déconnexion aussi.
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