Les stations de ski sont-elles vouées à disparaître ?
Réchauffement climatique rime-t-il avec fin de la pratique des sports d’hiver ? On fait le point sur le sort des séjours neigeux en montagne, selon les dernières prévisions.
Il n’y a pas eu beaucoup de neige à Noël, mais plutôt des températures particulièrement douces pour cette entrée dans l’hiver, à la fin du mois de décembre. Le 25 décembre 2023, le mercure est même monté à plus de 20°C dans de nombreuses villes du sud de la France, dont Nîmes et Perpignan. La température moyenne dans l’Hexagone a avoisiné les 10°C, un peu moins que le record de 2022 (11,6°C), mais il s’agit d’une moyenne qui reste tout de même exceptionnelle. Avec le réchauffement climatique, les épisodes froids et neigeux pourraient continuer à diminuer, confirme Météo France, qui précise que les zones de montagne sont plus touchées que les plaines par la montée des températures. Quelles conséquences pour la pratique du ski et autres sports de neige en montagne ?
Une bonne question, que se sont posé plusieurs scientifiques, dans une étude parue dans la revue Nature Climate Change au mois d’août 2023. Les auteurs de l’étude se sont intéressés à 2234 stations, situées dans 28 pays du monde. Ils confirment que le risque lié aux chutes de neige pour le tourisme de sports d’hivers augmente avec le réchauffement climatique. « Cette étude montre que dans toutes les régions montagneuses d’Europe, le changement climatique à venir va conduire à des conditions de neige dégradées par rapport aux décennies précédentes, même si elles varieront d’une région à l’autre et à l’intérieur des régions », a précisé l’un des auteurs, Samuel Morin, chercheur en physique de la neige, à l’AFP.
La majorité des stations en péril si le réchauffement s’accélère
Sans recours à la neige de culture (neige créée par des enneigeurs, en pulvérisant des gouttelettes d’eau sous pression dans de l’air à température négative), 53 % des stations seraient face à un risque « très élevé » de manque de neige si la hausse des températures est de 2°C par rapport à l’ère préindustrielle, et 98 % risquent de disparaitre, si cette hausse dépasse les 4°C. Un risque qui s’amoindrit si l’on prend en compte la production de neige artificielle. Grâce à la production de neige de culture, la proportion de stations à risque baisserait à 27 % (hausse de 2°C) et 71 % (hausse de 4°C).
Cette production de neige artificielle n’est toutefois pas sans conséquences sur l’empreinte carbone globale des sports d’hiver (très élevée en raison d’autres facteurs, tels que le transport vers les pistes). Outre le besoin d’énergie, cette production nécessite également un important approvisionnement en eau, et l’incertitude liée à cette donnée devrait faire l’objet d’une nouvelle étude par les mêmes auteurs.
En France, à ce jour, environ 150 stations ont déjà disparu. Et selon l’étude, qui évalue les conséquences à l’échelle locale également, 93 % des stations des Alpes et 98 % des stations pyrénéennes seront en péril avec un réchauffement de plus de 3°C.
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