Malgré une faible participation, les Parisiens votent contre les SUV 

Par La rédaction de Deklic , le 5 février 2024 — pollution - 5 minutes de lecture
Votation SUV

Crédit photo : Amaury Cornu/Hans Lucas via AFP

Les Parisiens ont approuvé dimanche 4 février 2024 un projet de triplement des tarifs de stationnement pour les voitures hautes et lourdes, dites SUV, mais moins de 6 % des électeurs ont participé à cette votation.

Un peu plus de 78 000 des 1,3 million d’électeurs, soit 5,68 %, ont participé à cette votation qui créé un tarif spécifique pour le stationnement des « voitures individuelles lourdes, encombrantes, polluantes ».

Sont spécifiquement ciblées les SUV, sigle anglais de Sport Utility Vehicle, aux caractéristiques combinant « celles d’une voiture de tourisme avec celles d’un véhicule utilitaire », et les 4×4.

Selon la proposition de la maire socialiste Anne Hidalgo, l’utilisateur d’un véhicule thermique ou hybride rechargeable dépassant 1,6 tonne, ou deux tonnes pour un véhicule électrique, devra bientôt payer 18 euros l’heure de stationnement dans les arrondissements centraux de la capitale, 12 euros pour les arrondissements extérieurs.

Les résidents se garant dans leur quartier et les professionnels, dont les taxis, ne seront pas concernés. La délibération sera présentée en mai pour application au 1er septembre, a indiqué Anne Hidalgo à l’annonce des résultats à l’Hôtel de ville. 

La maire a salué un « choix clair des Parisiens » en faveur d’une mesure « bonne pour notre santé et bonne pour la planète ».

Dans la capitale qui a déjà notamment piétonnisé les quais de Seine et végétalisé 200 rues en y supprimant le trafic, Mme Hidalgo a justifié la votation par la lutte contre la pollution, un meilleur partage de l’espace public et la « sécurité routière », les accidents impliquant un SUV étant, selon la mairie, « deux fois plus mortels pour les piétons qu’avec une voiture standard ».

Antoine, 36 ans, venu voter en famille dans le 10e arrondissement, dans le nord-est de la capitale, regrette que le vote ne concerne que les non-résidents : « C’est un symbole, mais c’est un début ».

À la mairie du 10e, où de grandes affiches promouvant la votation avaient été placardées, on votait plutôt « pour ». De façon « très banale, pour des raisons écologiques », résume Caroline, enseignante de 51 ans. « Et puis on n’a pas besoin d’un SUV à Paris, franchement… » « Ça prend trop de place, ça pollue et ça gêne la circulation des vélos », abonde Jérôme, 59 ans, casque de vélo à la main. 

« Aberration »

À la mairie du très chic 8e arrondissement, où les SUV sont bien représentés parmi les voitures garées alentour, on était majoritairement « contre ». « La question est très mal posée », déplore Anne-Marie, 71 ans, venue voter avec son mari. « On commence avec ça (…) et après on interdira n’importe quoi. » Jeannine, 75 ans, en a « marre (des) diktats de Mme Hidalgo. On en crève de tous ces écologistes », lâche-t-elle.

L’ONG WWF qualifie les SUV « d’aberration » face au réchauffement climatique : ceux-ci sont « 200 kilos plus lourds, 25 cm plus longs, 10 cm plus larges » qu’une voiture standard. Et nécessitent davantage de matériaux pour leur fabrication, consomment 15 % de carburant et émettent 20 % de CO2 de plus qu’une berline.

Sans surprise, les associations d’automobilistes ont fustigé l’initiative de la mairie, rappelant que SUV est une « appellation marketing » qui « ne veut rien dire », selon Yves Carra, porte-parole du Mobilité Club France. Pour l’opposition de droite, cela « démontre l’étendue de la manipulation de la Ville, qui cible les SUV dans sa communication alors qu’en réalité, tout type de véhicule est susceptible d’être concerné par les normes soumises au vote ».

« Ça s’inscrit dans une forme d’écologie punitive », même s’il faut « aller vers des véhicules plus légers », a déclaré sur RTL Christophe Béchu, le ministre français de la Transition écologique.

Propriétaires d’un SUV parce que sinon, « avec deux enfants, pour partir en vacances, c’est compliqué », Stéphanie, 40 ans, a voté « contre » dans le 8e. En tant que résidente elle n’est pour l’instant pas concernée, mais « voit bien le truc se profiler ». « Si c’est pour avoir une ville sans voiture et sans rue, faut partir à la campagne ! », lâche son mari.

Selon la mairie, la surtaxation concernerait « à peu près 10 % du parc » et pourrait rapporter environ 35 millions d’euros de recettes supplémentaires. Cette votation est la seconde dans la capitale, après celle qui avait entériné l’éviction des trottinettes en libre-service en avril 2023.

(Avec AFP)

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