Office français de la biodiversité (OFB) : tout savoir sur cet organisme qui s’attire les foudres des agriculteurs
Face à la colère des agriculteurs, il est une organisation qui n’a pas échappé à son lot de griefs et de reproches. Il s’agit de l’Office français de la biodiversité. L’établissement public dédié à la protection et la restauration de la biodiversité se trouve en effet en pleine tourmente, et plusieurs de ses sièges départementaux ont fait l’objet de blocages et autres détériorations. Mais alors, qu’est-ce que l’OFB et pourquoi ce raz de marée de protestations à son encontre ?
Quid de l’Office français de la biodiversité (OFB)
Créé en 2020, l’Office français de la biodiversité est un établissement public 100 % dédié à la sauvegarde de la biodiversité. Il est issu de la fusion de l’Agence française pour la biodiversité (AFB) et de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). L’organisme est donc chargé de la protection et la restauration de la biodiversité en France, sous la tutelle du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Autrement dit, l’OFB, c’est un peu la « police de l’environnement ». Dans ce cadre, l’établissement est responsable de 5 missions complémentaires :
🌿 La police de l’environnement et la police sanitaire de la faune sauvage
🌿 La connaissance, la recherche et l’expertise sur les espèces, les milieux et leurs usages
🌿 L’appui à la mise en œuvre des politiques publiques
🌿 La gestion et l’appui aux gestionnaires d’espaces naturels
🌿 L’appui aux acteurs et la mobilisation de la société
À ce jour, l’OFB compte pas moins de 3000 agents, dont 2000 sur le terrain. On dénombre parmi eux 1700 inspecteurs de l’environnement, qui disposent de pouvoirs de police administrative et judiciaire. Les agents de l’OFB sont donc chargés de faire respecter les différentes réglementations en matière d’environnement et de biodiversité. « Lutte contre les pollutions de l’eau, protection des Posidonies en Méditerranée, des tortues marines en Guyane ou du poulpe à Mayotte, gestion de la sécheresse, préservation des haies…, les agents de l’OFB agissent au quotidien sur ces 5 facteurs d’érosion de la biodiversité ». Ils sont également en charge de faire respecter les règles en matière d’usage des pesticides, d’arrachage de haies ou encore de respect des arrêtés sécheresse, notamment auprès des agriculteurs français.
« On met en œuvre les politiques environnementales », résume pour TF1Info Véronique Caraco-Giordano, secrétaire générale du Syndicat national de l’environnement de la Fédération syndicale unitaire (Sne-FSU).
En 2024, l’Office bénéficie de 623 millions d’euros de ressources, qui lui permettent notamment de réaliser une contribution au profit des onze parcs nationaux à hauteur de 73,5 millions d’euros.
L’OFB dans la tourmente
Depuis quelques jours, ces « policiers de l’environnement », qui œuvrent sur le terrain en faveur de la protection de l’environnement, se sont pourtant attirés les foudres du monde agricole. De nombreuses protestations ont d’ailleurs ciblé des antennes locales de l’administration. Dont plusieurs bâtiments de l’OFB qui ont été dégradés ou bloqués par du lisier ou des feux de pneus. Mardi 30 janvier 2024 au Pin-au-Haras, près d’Argentan et devant des bureaux de l’OFB, des agriculteurs de l’Orne sont venus manifester leur colère face à un système qui devient selon eux « incohérent ». Déversant devant les portes des bennes entières remplies de déchets organiques et de terre et allant jusqu’à enrubanner les locaux.
Pour ces 200 manifestants, « l’OFB fait un travail de répression auprès du monde agricole ». Les agriculteurs pointent en effet des contrôles trop nombreux et, selon eux, pas assez pédagogiques. Les réglementations imposées demeurent pour certains trop opaques et parfois même, abusives. « L’OFB fait un travail de contrôle, certes, mais avant tout un travail de répression dans le monde agricole. Et c’est une répression un peu abusive », a ainsi estimé Jean-Baptiste Goutte, président des Jeunes agriculteurs de l’Orne, auprès de Ouest-France, lors de cette action.
Pourtant, à en croire les chiffres publiés par les syndicats, chaque année, environ 3000 inspections sont menées par les agents de l’OFB parmi les 400 000 exploitations agricoles du territoire. « Loin, très loin du soi-disant harcèlement » dénoncé par certains agriculteurs, pointe le Sne-FSU biodiversité. Pour Eric Gourdin, secrétaire général de l’UNSA-Écologie et membre du conseil d’administration de l’OFB, ces contrôles sont d’ailleurs « à 70 % de la pédagogie ». Enfin, « un contrôle ne veut pas dire verbalisation. En Isère, sur tous les contrôles faits sur six mois, il y a eu un procès-verbal », précise Véronique Caraco-Giordano.
Le chiffre du jour : 0,75 %
Face à l'OFBbashing du moment, il est bon de rappeler que le nombre d'exploitations agricoles est de 400 000 et que les contrôles agricoles de l' @OFBiodiversite sont au nombre de 3 000.
Loin, très loin du soit disant harcèlement des #Agentsenvir. pic.twitter.com/0aymVGfAl0— Sne-FSU Biodiversité (@snefsuOFB) January 30, 2024
L’organisme donné en pâture aux agriculteurs ?
Face à la gronde des agriculteurs, l’organisme qui œuvre à la sauvegarde de l’environnement dénonce un principe de bouc-émissaire. « C’est plus facile de désigner des coupables extérieurs, sur des choses un peu périphériques, symptomatiques, mais qui ne sont pas le cœur du problème », estime d’ailleurs Vincent Vauclin, secrétaire-général de la CGT-Environnement, qui assure que « leur vrai problème, c’est le système agricole intensif, qui n’est ni humain, ni naturel ». Pour Véronique Caraco-Giordano, « dans cette crise, il fallait un bouc émissaire et Gabriel Attal a donné en pâture l’OFB aux agriculteurs ». Du côté des agriculteurs, certains appellent à un changement de gouvernance de l’OFB, ainsi qu’à un rattachement à la préfecture « pour avoir une cohérence entre les services ».
Les syndicats de l’OFB dénoncent quant à eux une forme d’acharnement envers les agents de la police de l’environnement.
Du côté du gouvernement, la prise de position reste on ne peut plus discrète. Pour apaiser les tensions, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a rendu une visite en catimini à des agents de l’OFB à Vincennes ce mardi, pour « rappeler l’attachement du gouvernement aux missions qu’ils exercent et pour condamner les dégradations subies », a expliqué le cabinet ministériel, sans plus de précisions. Une implication insuffisante pour l’organisme, qui continue de catalyser la colère du monde agricole.
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