« PFAS dites la vérité ! » : Arkema prise pour cible par des militants écologistes
Une action a été menée par plusieurs centaines de militants écologistes samedi 2 mars 2024, sur le site de Pierre-Bénite (Rhône) d’Arkema, dans la vallée de la chimie, pour dénoncer la pollution aux perfluorés (PFAS). La préfecture du Rhône a signalé huit interpellations.
Revêtus de combinaisons blanches, des militants d’Extinction Rébellion et Youth for Climate ont sectionné les grillages d’entrée du site pour s’y introduire, selon un journaliste de l’AFP sur place. Ils ont ensuite déployé deux banderoles à l’intérieur de la plateforme. Sur l’une d’elles, on pouvait lire le mot « poison » surmonté d’une tête de mort.
Sur les murs ont été taguées les inscriptions « PFAS dites la vérité ! », « Arkemagouilles » ou encore « Arkema nous empoisonne ». Plus de 300 personnes ont participé à cette action, selon Julien, le porte-parole des organisateurs qui n’a pas souhaité donner son nom. La préfecture a comptabilisé 150 personnes.
Certaines sont arrivées en train, d’autres en bus. « L’idée, c’est de faire une porte entrouverte, entrouverte parce que d’un côté, on veut fermer. On veut fermer les vannes des polluants éternels qu’Arkema rejette dans le Rhône et d’un autre côté, on veut ouvrir la porte parce que tout ça s’effectue dans le secret », a déclaré Julien à l’AFP.
« Je condamne fermement les actions violentes d’Extinction Rébellion contre le site d’Arkema. Tout mon soutien aux équipes du site. Être en désaccord et en débattre, oui. Casser, non », a réagi sur le réseau social X le ministre délégué chargé de l’Industrie Roland Lescure.
« Nous condamnons un tel acte, qui non seulement perturbe fortement l’outil de travail de plus de 500 salariés, mais peut également faire courir des dangers aux salariés et aux manifestants, en raison de l’activité industrielle du site, qui est classé Seveso », écrit dans un communiqué le directeur du site, Pierre Clousier. Arkema précise dans ce communiqué que le site sera en mesure de fabriquer ses produits sans aucun recours à des additifs fluorés d’ici la fin de l’année.
Polluants éternels
Les PFAS, composés poly et perfluoroalkylées (une famille regroupant plus de 4700 molécules), sont dotés de propriétés anti-adhésives et imperméables et sont massivement présents dans la vie courante : poêles en Teflon, emballages alimentaires, textiles imperméables, automobiles…
Quasi indestructibles, ils s’accumulent avec le temps dans l’air, le sol, les eaux des rivières, la nourriture et jusque dans le corps humain, d’où leur surnom de polluants « éternels ». En cas d’exposition sur une longue période, ils peuvent avoir des effets sur la fertilité ou favoriser certains cancers, selon de premières études.
Après la diffusion de plusieurs enquêtes journalistiques en 2022, les autorités régionales avaient lancé des contrôles, notamment au niveau de l’Agence régionale de santé (ARS), qui avait mis en ligne mi-janvier le résultat d’une analyse sur les eaux de consommation.
Selon cette analyse, les eaux destinées à la consommation de 166 000 habitants de la région Auvergne-Rhône-Alpes comportent des PFAS, les « polluants éternels », à des taux supérieurs au seuil de référence européen. Ces derniers mois, plusieurs collectivités et des particuliers ont lancé des plaintes collectives pour « mise en danger de la vie d’autrui » en s’inquiétant de « concentrations alarmantes » de PFAS liés à des sites industriels dans la vallée de la chimie, au sud de Lyon, où se trouve le site d’Arkema.
Cette action intervient alors que le chimiste Daikin, également à Pierre-Bénite, a déposé un dossier pour la construction d’une nouvelle unité de production, suscitant la colère des habitants. « Le nouvel atelier de Daikin ne conduit pas à des rejets de PFAS dans l’eau, au contraire d’Arkema qui fait l’objet d’un arrêté daté de septembre 2022 qui prescrit la cessation de l’utilisation de surfactants de la famille des PFAS avant la fin de l’année 2024 », a précisé la préfecture du Rhône, soulignant qu’elle avait toutefois « pris des mesures fortes pour encadrer au maximum le fonctionnement de cet atelier ».
(Avec AFP)
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