Pollution aux PFAS : les collectivités sommées d’agir en Auvergne-Rhône-Alpes

Par La rédaction de Deklic , le 15 janvier 2024 — pollution - 4 minutes de lecture
Vallée de la chimie

Vue de la vallée de la chimie depuis Venissieux, Crédit photo : Antoine Boureau/Hans Lucas via AFP

Face à de nouvelles analyses publiées le 15 janvier 2024 montrant la présence de taux importants de PFAS dans l’eau, l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes a demandé à une cinquantaine de collectivités de prendre des mesures correctives.

Les eaux destinées à la consommation de 166 000 habitants de la région Auvergne-Rhône-Alpes comportent des PFAS, les « polluants éternels », à des taux supérieurs au seuil de référence européen, selon les résultats d’analyses publiés lundi 15 janvier 2024 par l’Agence régionale de Santé (ARS).

La consommation de ces eaux n’est pas interdite mais l’ARS a, pour la première fois, demandé des mesures correctives à la cinquantaine de communes concernées, situées pour la plupart dans la vallée de la chimie au sud de Lyon.

Sous peine d’être mises en demeure, ces collectivités ont dû présenter au plus vite « les mesures de leur choix pour revenir sous le seuil » de 100 nanogrammes par litre, et auront trois ans pour les mettre en place, a expliqué à la presse Aymeric Bogey, directeur de la santé publique de l’agence. 

Principe de précaution

La « limite de qualité, même si elle est dépassée, ne veut pas dire qu’il y a un risque immédiat pour la population », a tenu à souligner Aymeric Bogey : « en l’état des connaissances actuelles, on ne sait pas à partir de quel niveau de PFAS il y a un risque avéré », mais « on ne peut pas attendre » pour agir.

L’agence a ciblé des ressources en eau « potentiellement à risque » et repéré huit situations clairement au-delà de la limite qualité, dont deux sur des puits privés, a précisé Christel Lamat, responsable régionale eaux. Deux sont depuis revenues en dessous après avoir pris des mesures.

La ville de Rumilly, en Haute-Savoie, où se trouve une usine Tefal, a été contrainte de renoncer à deux captages contaminés en 2022, après la découverte dans ses nappes phréatiques de PFOA, une substance interdite depuis 2020 en raison de son caractère cancérigène. Celle de Valence a mis en service une station de traitement des PFAS en novembre.

Quelles solutions ?

Selon Aymeric Bogey, les deux principales solutions à disposition des collectivités sont le traitement par charbon actif ou la possibilité de « se connecter à d’autres réseaux pour diluer la ressource ou se priver du captage problématique ».

Ces composés poly- et perfluoroalkylés (une famille regroupant plus de 4700 molécules), sont dotés de propriétés antiadhésives et imperméables et sont massivement présents dans la vie courante : poêles en Teflon, emballages alimentaires, textiles imperméables, automobiles… Quasi indestructibles, ils s’accumulent avec le temps dans l’air, le sol, les eaux des rivières, la nourriture et jusqu’au corps humain, d’où leur surnom de polluants « éternels ». En cas d’exposition sur une longue période, ils peuvent avoir des effets sur la fertilité ou favoriser certains cancers, selon de premières études.

Après la diffusion de plusieurs enquêtes journalistiques en 2022, les autorités régionales avaient lancé des contrôles, notamment au niveau de l’ARS qui a mis en ligne lundi le résultat de cette campagne. Ces derniers mois, plusieurs collectivités et des particuliers ont lancé des plaintes collectives pour « mise en danger de la vie d’autrui » en s’inquiétant de « concentrations alarmantes » de PFAS liés à des sites 
industriels dans la vallée de la chimie.

(Avec AFP)

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