Réchauffement climatique : est-ce la fin des quatre saisons ?
Les conséquences du dérèglement climatique se font ressentir dans la modification de la durée et des caractéristiques bien établies des quatre saisons. Que disent les études ? Assiste-t-on à la fin du printemps et de l’automne en France ? Décryptage.
« Y a plus de saisons ! » : et si ce dicton devenait réalité ? Leur rythme est bel et bien en train de changer comme l’ont si bien illustré les températures records enregistrées au mois de septembre et octobre dernier. L’observatoire européen Copernicus a aussi récemment annoncé que 2023 serait l’année la plus chaude jamais enregistrée dans l’histoire des relevés, avec une anomalie de température actuelle de +1,46 °C par rapport aux températures moyennes de la période 1850-1900.
Un énième « symptôme du réchauffement climatique » causé de façon « indiscutable » par les activités humaines et notamment la consommation d’énergies fossiles. Aussi, dans une étude publiée dans la revue scientifique Geophysical Research Letters, des chercheurs ont examiné les données climatiques quotidiennes historiques depuis 1952 et ont établi des projections jusqu’en 2100 dans l’hémisphère Nord. Leurs conclusions : l’été dans les latitudes moyennes s’est allongé, tandis que l’hiver s’est raccourci accompagné d’un printemps et d’un automne décalés.
Des étés plus longs et des hivers plus courts
Les chercheurs l’affirment : le dérèglement climatique perturbe le cycle des saisons tel que nous le connaissons jusqu’à maintenant. L’hiver de fin décembre à fin mars, le printemps jusqu’à fin juin, puis l’été jusqu’à fin septembre et l’automne jusqu’à fin décembre… Ces repères ont déjà commencé à bouger et vont continuer à se déplacer si rien n’est fait pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Les politiques menées actuellement nous amènent d’ailleurs vers un réchauffement de +2,8°C, avertit l’ONU.
Aux latitudes de la France métropolitaine, l’été aurait déjà progressé de dix-sept jours entre 1952 et 2011, passant de 78 à 95 jours. Les vagues de chaleur en été deviennent aussi plus fréquentes qu’avant, et surviennent de plus en plus tôt, en mai, juin ou tard en août, voire en septembre, allongeant la part de l’été et empiétant sur le printemps et l’automne.
Dans le même sens, les simulations climatiques produites par Météo-France comme par d’autres organismes montrent que ces deux tendances devraient se poursuivre sous l’effet du réchauffement climatique.
Toujours selon cette même étude, en suivant un scénario pessimiste du Giec, l’été pourrait durer six mois en 2100 et à l’inverse, l’hiver se raccourcit. Si l’impact du réchauffement climatique sur nos saisons hivernales sera moins marquant et symbolique que celui qu’il aura sur nos étés, il n’en demeure pas moins que les contours de la saison dite « froide » vont largement évoluer dans les prochaines décennies. Des études montrent que l’hiver pourrait être concentré entre la fin décembre et début février. Aussi, pour le nord de la France, l’hiver, l’automne et le printemps pourraient se résumer en une saison de pluie, avec un train de perturbations venues de l’Atlantique.
Des conséquences sur le vivant
« Le changement d’horloge saisonnière signifie des saisons agricoles perturbées tout comme le rythme des activités des espèces, des vagues de chaleur plus fréquentes, des tempêtes et des feux de forêt, ce qui représente des risques accrus pour l’humanité » peut-on également lire dans l’étude de la revue scientifique Geophysical Research
Dans une étude de la Royal Society publiée en février, des chercheurs britanniques ont en effet conclu que les plantes fleurissaient un mois plus tôt qu’au siècle dernier en Grande-Bretagne, à cause du réchauffement climatique et donc de l’allongement de l’été sur le printemps.
Aussi la migration des oiseaux a été modifiée en réponse aux changements saisonniers. Les décalages temporels et spatiaux entre les organismes vivants s’accentuent également progressivement car toutes les espèces ne font pas face aux changements saisonniers au même rythme ou dans la même direction.
Enfin, les humains sont quant à eux exposés à un pollen plus allergène et à des périodes allergiques plus longues en raison de l’allongement continu de la saison de croissance. En outre, les moustiques tropicaux porteurs de virus sont susceptibles de s’étendre vers le nord et de provoquer des épidémies importantes pendant les étés plus longs et plus chauds, en particulier lorsqu’ils sont introduits dans des régions où ils n’ont jamais été présents auparavant.
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