Revente des cadeaux de Noël : comment remballer ce phénomène ?
Quelques heures après le réveillon, les Français se précipitent déjà sur les plateformes de commerce en ligne pour revendre leurs cadeaux. Une tendance qui prend chaque année plus d’ampleur et qui en dit long sur notre rapport à la consommation en période de Noël. Au-delà des quantités, la pertinence du choix des présents ne semble pas au rendez-vous. Ce que nous apprend ce phénomène : ce n’est pas tant l’« intention » qui compte, mais l’« attention ».
23% des Français envisagent de revendre leurs cadeaux
Sans être une ordure, le Père Noël n’est pas toujours clairvoyant. La preuve : à peine déballés, voilà que certains présents se retrouvent déjà en tête de gondole des sites de vente en ligne. Depuis le matin du 25 décembre, trois à quatre cadeaux sont revendus chaque minute sur eBay, d’après les chiffres communiqués par la plateforme. Au total, le site spécialisé devenu refuge temporaire des cadeaux de Noël ratés, s’attend à ce que près de trois millions de nouvelles annonces soient postées par des particuliers entre Noël et le 3 janvier.
Selon la 13e édition du Baromètre Kantar pour eBay, jamais les Français n’ont été si nombreux à envisager la revente de leurs cadeaux. La tendance de fond est désormais bien marquée : ils sont 23% en 2023, contre 17% en 2022 et moins de 15% avant la pandémie. Qu’est-ce qui explique l’emballement de ce marché ? « Cette année pour la première fois, les Français revendent davantage pour payer les factures de Noël (30% l’envisagent) », explique eBay. Évidemment, pas question de remettre en cause cette motivation.
D’autres, en revanche, poussent à la réflexion. Un autre baromètre réalisé par l’Ipsos pour la société Rakuten France, nous apprend que parmi les personnes qui revendent leurs présents : 44% estiment qu’ils ne sont pas utiles, 39% déclarent qu’ils ne leur plaisent pas et 24% qu’ils font tout simplement doublon avec un produit qu’ils possèdent déjà. N’y aurait-il pas là, une marge de manœuvre relative ?
Pour la réhabilitation de la lettre au Père Noël ?
Les cadeaux représentent le premier poste d’émissions de gaz à effet de serre générées par les fêtes de fin d’année. Selon l’ADEME, tous les 25 décembre, ce sont plus de 300 millions de paquets qui sont déposés au pied des sapins. Parmi eux, près de douze millions des cadeaux sont « non-désirés » et un million sont « directement jetés ». Face à ce grand gâchis – non sans conséquences pour l’environnement – les sites de revente représentent un tremplin, capable d’offrir une seconde vie à ces objets reniés. Mais un pas de recul est nécessaire pour comprendre ce qui se joue. L’emballement du phénomène de revente des cadeaux est sans doute révélateur d’un mal plus profond : ensevelis sous les options et les sollicitations, difficile pour les Pères Noël en herbe de faire les bons choix. Ou plutôt : plus facile de faire les mauvais choix.
Pas utiles, pas à son goût, pas besoin. De toute évidence, les signataires de cadeaux transformés en produits eBay n’ont pas non plus fine connaissance des envies et des besoins de leurs destinataires. Alors écrire sa lettre au Père Noël – et demander celle de ses proches – s’avère finalement écolo. Après tout, quel meilleur moyen d’esquiver les déceptions que de demander précisément ce que l’on aimerait se voir offrir, après avoir pris le temps d’y réfléchir sérieusement ? Une façon ludique et pragmatique d’éviter de remballer ses proches et ses paquets tout en limitant l’empreinte carbone de ses cadeaux de Noël. « Cher Père Noël, l’année prochaine, j’aimerais ne pas avoir à revendre les miens… »
À lire aussi :
Livraison de colis : comment limiter l’impact sur l’environnement ?