Saint-Avold : la transformation énergétique débute avec la démolition de la tour de la centrale
Quelques 10 000 tonnes de béton détruites en une poignée de secondes : la plus haute tour de la centrale électrique de Saint-Avold (Moselle) a été « foudroyée » dimanche 11 février, un symbole de la conversion annoncée du site du charbon à l’hydrogène.
Tout près de la frontière allemande, la centrale Emile Huchet, propriété de GazelEnergie, a dynamité la tour aéroréfrigérante numéro 5 à 11h00, dans un panache de fumée grise et sous l’œil de centaines de spectateurs captivés.
« C’est une destruction qui en fait est une renaissance, puisqu’on détruit cette tour aéroréfrigérante pour pouvoir construire à la place un gros projet de production d’hydrogène qui sera l’avenir du site », a déclaré à l’AFP Jean-Michel Mazalèrat, le président de GazelEnergie, la société qui exploite la centrale.
Sur les six tours aéroréfrigérantes (tours de refroidissement) que comptait le site, il n’en restera qu’une, jusqu’à la conversion totale de la centrale à charbon à la biomasse en 2027, comme souhaité en septembre dernier par le président Emmanuel Macron.
Emile Huchet est l’une des deux seules centrales à charbon encore en activité en France, avec celle de Cordemais (Loire-Atlantique).
Toutes deux préparent leur conversion à la biomasse mais le site de Saint-Avold veut devenir une « éco-plateforme » : elle prévoit d’autres projets comme « Emil’hy » (pour Emile Huchet et hydrogène), qui doit permettre à l’horizon 2027 une production d’hydrogène bas carbone et renouvelable, par électrolyse de l’eau.
Les études d’ingénierie sont en cours de finalisation et la concertation publique doit débuter fin février, a indiqué à l’AFP Camille Jaffrelo, porte-parole de GazelEnergie.
« Un dynamitage comme celui-ci, ça a duré 7 secondes, un projet d’hydrogène c’est 7 ans », a-t-elle comparé.
Le projet prévoit, pour 2030, une capacité totale de 400 MW et une production de 56.000 tonnes d’hydrogène par an. Dans un premier temps, la phase initiale devra alimenter en priorité l’aciériste allemand Saarstahl Hoolding Saar (SHS), situé en face. Il représente à date un investissement de 780 millions d’euros.
A l’origine voué à fermer définitivement début 2022, le site a été de nouveau sollicité en 2023 et le sera aussi en 2024 pour sécuriser l’approvisionnement du pays dans un contexte de tension énergétique.
Cette année, la centrale à charbon a fonctionné deux semaines en janvier, lorsqu’il faisait froid, rappelle Camille Jaffrelo. Ces journées ont permis d’avancer vers la conversion à la biomasse du site, avec un test de brûlage de pellets, des granulés de bois.
Filiale du groupe EPH de l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky, GazelEnergie se dit « confiant » après ces tests et va proposer une « feuille de route » pour cette conversion.
Un autre projet, baptisé PARKES, de recyclage de plastique, doit aussi s’implanter sur la plateforme de Carling-Saint-Avold. Son énergie renouvelable sera fournie par GazelEnergie. Les porteurs du projet ont annoncé début février un objectif de mise en service « à l’horizon 2027 ». Il doit induire 200 embauches.
En Moselle Est, à la frontière avec l’Allemagne, les travailleurs ont subi de nombreuses fermetures de site et font face à la désindustrialisation. « Ici, on réhabilite des friches », se félicite Camille Jaffrelo.
« Il n’y a pas de craintes, pas d’inquiétudes, c’est une fin annoncée, la fin d’une période », réagit auprès de l’AFP Salvatore Cascarella, président de la Communauté d’agglomération de Saint-Avold.
Selon lui, la Moselle Est commence à « devenir un eldorado » avec plus de 2 milliards d’euros d’investissements pour des entreprises nouvelles ou déjà implantées. A terme, tous les projets du secteur doivent générer 2.500 emplois.
« Le gouvernement sarrois a débloqué 2,6 milliards d’euros pour décarboner leurs usines, ils ont l’argent, ils veulent aller très vite donc nous, il faut construire très vite », a-t-il souligné.
L’autre centrale à charbon française, à Cordemais (Loire-Atlantique), a été bloquée début février par la CGT, disant douter du devenir de son projet de conversion à la biomasse.
EDF a répondu que la « décarbonation progressive » de Cordemais était bel et bien en route, avec jusqu’à « 20% de biomasse en substitution du charbon ». Les essais « se sont correctement déroulés », selon l’énergéticien.
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(Avec AFP)
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