TotalEnergies dégage un nouveau bénéfice record en 2023
TotalEnergies a dégagé en 2023 un bénéfice net de 21,4 milliards de dollars, soit 19,8 milliards d’euros. Un nouveau record en partie enregistré grâce à la « croissance des hydrocarbures », loin – bien loin – des objectifs climatiques.
Comme un refrain qu’on ne connaît que trop bien. Malgré un contexte déprimé pour les prix du gaz et du pétrole, la 4e major mondiale a amélioré son bénéfice net de 4% par rapport à 2022, grâce à la « croissance des hydrocarbures, en particulier du gaz naturel liquéfié (GNL) et de l’électricité », a souligné mercredi son PDG Patrick Pouyanné dans le communiqué des résultats de l’entreprise.
Ce bilan déjà très généreux est cependant en deçà des prévisions des analystes, qui attendaient entre 21 et 22 milliards d’euros de bénéfice net. Le bénéfice ajusté, l’indicateur de référence pour les investisseurs, a lui reculé de 36% à 23,2 milliards de dollars, par rapport à 2022, en raison du retrait de ses activités en Russie. Le groupe français fermait mercredi le bal des résultats annuels des majors pétrolières et gazières, dont les profits ont reflué sur fond de baisse des prix des hydrocarbures.
L’année de tous les records
Les bénéfices de TotalEnergies flambent, la planète aussi. En 2023, une température de 20,96°C a été enregistrée en juillet à la surface des océans quand les 58,5 °C ont été atteints à Rio de Janeiro en novembre. Alors que les scientifiques appellent à stopper tout investissement vers de nouveaux projets fossiles pour respecter l’Accord de Paris, le groupe poursuit ses activités néfastes pour le climat, assurant qu’elles sont encore nécessaires pour répondre à la demande mondiale.
Même si TotalEnergies a opéré une diversification dans l’électricité renouvelable, l’entreprise déclarait en septembre dernier vouloir augmenter sa production d’hydrocarbures de 2 à 3% par an dans les cinq prochaines années. En parallèle, plusieurs pétroliers comme Enel, Shell et BP ont annoncé en 2023 une révision en baisse de certains de leurs objectifs de transition énergétique.
Loin des objectifs climatiques
L’année passée, TotalEnergies a ainsi annoncé des projets ou acquisitions en Namibie, au Suriname et au Brésil, et s’est renforcé aux Etats-Unis dans le gaz liquéfié (GNL), une énergie très convoitée par l’Europe qui cherche à remplacer le gaz russe. « On est quand même durablement lié à l’importation de gaz naturel liquéfié en Europe », affirmait mi-janvier Patrick Pouyanné, le PDG du groupe qui revendique la place de 3e acteur mondial du GNL.
Sa stratégie « semble prête à éloigner un peu plus le monde de ses objectifs climatiques », a réagi mercredi l’ONG Global Witness, attirant aussi l’attention sur des dividendes pour 2023 à même selon elle, de couvrir largement les dégâts de la grande sécheresse et des événements extrêmes subis par la France en 2022. « Ce ne sont pas moins de 16,6 milliards de dollars qui sont allés aux actionnaires en 2023, alors que seuls 5,5 milliards ont été investis dans sa branche renouvelable », a souligné Lucie Pinson, de Reclaim Finance.
Jusqu’à quand ?
Mis sous pression par les militants du climat et des droits humains, le géant français est visé par plusieurs actions judiciaires contre sa stratégie ou contre ses projets gaziers et pétroliers, dont le très controversé projet Tilenga/Eacop en Ouganda et en Tanzanie. Depuis le 25 janvier, une commission d’enquête sur les activités du géant pétrolier s’est également ouverte à la demande du groupe écologiste du Sénat. L’objectif : s’assurer de la conformité des activités de TotalEnergies avec les engagements de la France en matière de climat et de droits humains.
De son côté, le groupe de Patrick Pouyanné – qui devrait être reconduit pour un quatrième mandat lors de la prochaine assemblée générale en mai – assure n’avoir « rien à cacher ». Tandis que ses milliards de profits donnent lieu chaque trimestre à des débats alimentés par les politiques et les ONG, le géant pétro-gazier a notamment annoncé qu’il débourserait « 320 millions d’euros d’impôt sur les bénéfices et taxe de solidarité sur l’électricité au titre de 2023 ». Mais le groupe, interrogé par l’AFP, n’a toutefois pas précisé la part des impôts sur ce montant.
(Avec AFP)
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