Tri des biodéchets : Milan, Francfort, Bratislava, Séoul se positionnent en villes pionnières pour redéfinir les normes

Par Anne-Lise Lecointre-Baladi , le 17 novembre 2023 - 5 minutes de lecture
Biodéchets collectés à Berlin, Crédit JENS KALAENE / DPA-ZENTRALBILD / DPA PICTURE-ALLIANCE

Biodéchets collectés à Berlin, Crédit JENS KALAENE / DPA-ZENTRALBILD / DPA PICTURE-ALLIANCE

Découvrez comment Milan, Francfort, Bratislava et Séoul se distinguent en tant que pionniers du tri des biodéchets, bien avant la généralisation en France. Des succès à Bruxelles à la popularité mitigée à Francfort, plongez dans les initiatives innovantes de ces grandes villes pour atteindre les objectifs européens de recyclage d’ici 2030. 
   

La France généralise en ordre dispersé à partir de janvier le tri des biodéchets, conformément à la réglementation européenne. Petites ou grandes, les communes cherchent la bonne solution ; mais ailleurs, de très grandes villes n’ont pas attendu, pionnières comme Milan, Séoul et Francfort, ou volontaristes comme Brastislava qui s’est mise en un temps record à cette gestion vertueuse. L’engagement européen vise à recycler au total 60% des déchets ménagers à l’horizon 2030.
 

Bratislava


Dans la capitale de la Slovaquie, le tri des biodéchets s’est invité dans le quotidien des 425.000 habitants à partir d’octobre 2021 sans que cela ne suscite de protestations. Les autorités ont commencé par distribuer des sacs poubelles compostables (150 par an) dans un quartier familial et résidentiel avant d’étendre graduellement le tri partout. Depuis janvier, le pli est pris pour la majorité des riverains, avec un taux de 90% de foyers impliqués en maisons individuelles et de 56% en appartements, selon les autorités, qui prévoient la construction d’une unité pour gérer plus efficacement et écologiquement les tonnes de compost produites.
Les sacs sont ramassés deux fois par semaine de mars à novembre (une fois le reste de l’année). Ce service est inclus dans la taxe sur les ordures ménagères, sans prélèvement spécifique.
   


Bruxelles


La capitale belge a lancé les premiers tests en 2013. Le tri a été ensuite généralisé sur la base du volontariat à partir de 2017, avant de devenir obligatoire le 15 mai 2023, dans l’optique d’alléger jusqu’à 40% le sac « blanc » des ordures ménagères.
Pour les 500.000 ménages bruxellois (1,2 million d’habitants), le changement s’est matérialisé par un sac orange à placer dans un bac de la même couleur et dont le ramassage hebdomadaire alimente une usine de biométhanisation à Ypres, à 130 km à l’ouest de Bruxelles. La collecte sert aussi à produire du compost.
« Avec 20 tonnes de biodéchets on arrive à fournir en électricité une famille de quatre personnes pendant un an », souligne Adel Lassouli, porte-parole de Bruxelles Propreté. Pas question encore de bâtir une usine de biométhanisation en région bruxelloise car « la montée en puissance est incertaine », mais le volume de biodéchets collectés augmente, et le poids moyen du sac blanc a déjà diminué de 9% entre l’été 2022 et l’été 2023.
   


Francfort


La cinquième ville d’Allemagne avec 767.000 habitants, fait figure de précurseur même si tout n’est pas parfait : l’obligation de collecte des ordures organiques date de 1999. Un camion passe chaque quinzaine dans toute la ville. D’après l’entreprise de ramassage FES, 80% des propriétaires sont raccordés à cette collecte qui permet principalement de produire du biométhane, injecté dans le réseau public de gaz. Le reste donne de l’engrais.
Cela dit, « la poubelle bio a un petit problème de popularité, à cause des odeurs, de l’espace que cela prend dans la ville, et des déchets qui finissent par terre », reconnaît Stefan Röttele, porte-parole de FES. De plus, encore 35% des déchets jetés dans la poubelle d’ordures ménagères seraient en fait des biodéchets, « plus que ce que nous récoltons dans la poubelle organique », ajoute-t-il.
   


Milan


Par comparaison, Milan fait figure de championne avec 140.000 tonnes de biodéchets triés par an (103 kg par personne), soit un taux de 87% des restes alimentaires produits par l’agglomération, ses six millions d’habitants, ses hôtels, restaurants et cantines.
Un ramassage presque quotidien est assuré (six fois par semaine) pour les hôtels et restaurants, afin d’éviter odeurs et nuisances. La collecte passe deux fois par semaine chez les habitants.
Une unité de méthanisation produit du biométhane. Cette gestion est rentrée dans les moeurs: elle couvre toute la ville depuis 2014, et a été copiée en Grande-Bretagne, en Espagne ou en Slovaquie.
   


Séoul


La mégalopole coréenne fait encore mieux avec 88% des biodéchets compostés soit 5,4 millions de tonnes, résultat d’un choix fait à la fin des années 1990 qui lui vaut d’être souvent citée en exemple. Les restes alimentaires sont collectés séparément, souvent séchés et mis en poudre avant d’être utilisés comme engrais ou nourriture animale.
La collecte fait consensus, sauf parmi certains défenseurs des animaux qui estiment que donner aux animaux une alimentation pouvant contenir de la pourriture est une forme de maltraitance. 



(Avec AFP)

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Anne-Lise Lecointre-Baladi

Rédactrice en chef Deklic

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