Un collectif se mobilise contre le mégaprojet de production de biocarburants E-CHO à Lacq

Par Gaëlle Coudert , le 16 janvier 2024 — engagement écologique - 5 minutes de lecture
Bassin de Lacq

Vue sur le complexe industriel de Lacq, avec les Pyrénées en arrière plan, Crédit photo : Jean-Marc Barrere/Hans Lucas via AFP

Un collectif réunissant 37 associations et des citoyens, « Touche Pas à Ma Forêt – Pour Le Climat » (TPMF – PC) a été créé fin 2023 pour dénoncer l’impact environnemental d’un projet de production de biocarburants porté par l’entreprise Elyse Energy dans le bassin de Lacq, près de Pau. Une première assemblée générale citoyenne aura lieu le 26 janvier à Navarrenx.

La zone industrielle du bassin de Lacq dans les Pyrénées-Atlantiques est en croissance depuis plusieurs années. L’un des derniers projets qui a fait parler de lui est le mégaprojet porté par l’entreprise lyonnaise Elyse Energie qui a choisi le bassin de Lacq pour y implanter ses usines de production de biocarburants, autour de trois sites : Lacq, Pardies et Mourenx. Dans le cadre du projet baptisé E-CHO, l’entreprise et ses partenaires vont produire du e-biokérosène pour le secteur du transport aérien, du e-Méthanol pour le transport maritime et l’industrie et de l’hydrogène et oxygène bas-carbone pour alimenter ces usines. 

Une concertation est en cours jusqu’au 17 janvier 2024. À l’issue de cette concertation, Elyse Energie et ses partenaires prévoient d’entamer la construction du complexe industriel en 2025 pour une mise en service en 2028. Le projet, soutenu par l’État et lauréat de l’appel à projets pour le « développement d’une filière de production française de carburants aéronautiques durables » a reçu des aides conséquentes de l’ADEME ou de la région, entre autres.

Des « conséquences désastreuses pour l’environnement »

Si le projet semble louable, il suscite pourtant la colère de plusieurs associations qui ont décidé de se réunir au mois d’octobre 2023 au sein d’un collectif baptisé « Touche Pas à Ma Forêt – Pour Le Climat » (TPMF – PC), pour mieux faire entendre leurs voix. Le collectif regroupant 37 associations environnementales, syndicales et paysannes du Sud-Ouest (dont ATTAC 64, Les Amis de la Terre des Landes, BIZI ! ou encore le GNSA ((le Groupe National de Surveillance des Arbres, très actif également dans l’opposition au projet de construction de l’A69) dénonce ainsi dans un communiqué « les conséquences désastreuses pour l’environnement du projet E-CHO » qui va utiliser comme matière première la biomasse forestière et l’eau du Gave de Pau pour produire de l’hydrogène par électrolyse. Le collectif liste ces conséquences désastreuses : « augmentation des gaz à effet de serre, prélèvement annuel d’au moins 10 000 hectares de forêt dans tout le Sud-Ouest de la France et jusqu’au pourtour de la Méditerranée, atteinte à la biodiversité et aux milieux aquatiques, accroissement de la pollution industrielle nuisible à la santé. »

« C’est un projet qui prétend décarboner l’aviation mais qui va aboutir à une augmentation du CO2 présent dans l’atmosphère et à une destruction des forêts », résume Jeanne Ophuls, qui a participé à la création du collectif et est membre de plusieurs associations locales, dont l’APQV (Association pour la Protection de la Qualité de Vie en Béarn des Gaves) et le GNSA. « Quand on détruit une forêt, on détruit un puits de carbone », rappelle-t-elle. 

« Elyse Energies annonce une récolte de 300 000 tonnes de bois sec par an, l’équivalent de 10 000 hectares de forêt, pointe Jeanne Ophuls. Mais la forêt n’est pas en capacité de se renouveler assez vite pour compenser ce qui aura été abattu, d’autant qu’il faut attendre plusieurs décennies avant qu’un arbre ne capture du CO2. » Autre difficulté que souligne la militante : les besoins colossaux en eau du projet, dont les difficultés sont pointées notamment par l’Agence de l’eau Adour Garonne dans un rapport. 

Les prémices d’une mobilisation tenace

« Notre intention est surtout d’informer le public et les élus sur l’impact environnemental du projet et d’obtenir des réponses précises d’Elyse Energy », résume Jeanne Ophuls, qui rappelle qu’aucune étude d’impact environnementale n’a été réalisée par Elyse Énergie. Si l’action du collectif en est encore à ses balbutiements, ses représentants ont bien l’intention de faire front sur le temps long. « Il est évident que nous souhaitons l’arrêt du projet E-CHO, mais les étapes de notre action devront être précisées lors de l’assemblée citoyenne qui se tiendra le 26 janvier 2023 à Navarrenx. »  En attendant, la pétition lancée en fin d’année dernière recueille chaque jour de plus en plus de signatures (près de 2000 au 16 janvier 2024) et « des grands moments de manifestations, des réunions d’informations et des événements » seront organisés pour alerter les citoyens et les pouvoirs publics dès que le processus de concertation engagé par Elyse Energy aura pris fin. 

À lire aussi :

A69 : les travaux avancent « selon le calendrier prévu », mais la controverse persiste

En images : A69, les visages de l’opposition

Gaëlle Coudert

Ancienne avocate parisienne reconvertie en journaliste basée dans les Pyrénées-Atlantiques, Gaëlle s’est spécialisée sur les sujets liés à l'écologie. Elle a cofondé le magazine basque Horizon(s), a été rédactrice en chef d'ID, l’Info Durable et rédige aujourd’hui des articles pour divers médias engagés dont Deklic. Ses passions : le sport (surf, yoga, randonnée) et la musique (guitariste et chanteuse du groupe Txango)

Voir les publications de l'auteur