Valérie Damidot : « Je ne jette rien par terre. Ma mère m’a toujours dit ‘Si tu ne le fais pas chez toi, ne le fais pas dehors’ ».

Par Joséphine Simon-Michel , le 22 août 2023 — interview - 7 minutes de lecture
Portrait de Valérie Damidot, Crédit DR

Portrait de Valérie Damidot, Crédit DR

Quand il s’agit de parler d’écologie, Valérie Damidot n’a plus la gouaille qui la caractérise. C’est un sujet qui lui tient particulièrement à cœur et qui l’angoisse plus les jours passent. Elle s’insurge contre le retour du glyphosate, rêverait d’un monde où seuls les fruits et légumes de saison sont consommés et de la disparition du plastique dans les supermarchés.

Êtes-vous éco-anxieuse ?

Beaucoup et c’est de pire en pire. J’ai l’impression que le citoyen a envie de bouger mais que ça lui semble trop compliqué de changer ses habitudes du quotidien. Pour être honnête, je ne présage pas un avenir radieux.

Êtes-vous dans la culpabilité en tant que consommatrice ?

Je n’ai jamais été dans la surconsommation. Mon mode de vie est très modeste. Mais je me sens coupable de ne pas réussir à vendre ma maison. Elle en vente depuis quatre ans pourtant ! Aujourd’hui, c’est devenu une urgence. Je ne supporte plus Paris.

Qu’est-ce qui vous a donné le « Deklic green » ?

Ce sont mes enfants, Roxane et Norman, 30 et 28 ans. Ils font partie de cette génération qui a pris conscience très jeune des dangers de la surconsommation. Les 15-25 ans sont eux aussi beaucoup plus sensibilisés que les quadras ou les quinquas.

Qu’avez-vous banni de votre quotidien ?

Comme mes enfants ne mangent plus de viande depuis dix ans, nous avons perdu cette habitude d’en acheter. En revanche, je ne suis pas devenue végétarienne et nous consommons de la viande seulement chez des copains ou dans un bon restaurant.

Qu’est ce qui n’est pas écologique chez vous ?

J’achète peut-être encore trop de fringues. Mais attention, jamais chez Zara car ma fille me l’interdit ! Et puis je fume, ce n’est vraiment pas écolo mais contrairement à d’autres fumeurs, je n’ai jamais jeté mes mégots par terre. Pareil pour les chewing-gums. Je ne jette rien par terre, tout simplement. Ma mère m’a toujours dit « Si tu ne le fais pas chez toi, ne le fais pas dehors ».

Comment vous déplacez-vous ? 

Il y a sept ans, j’ai troqué mon scooter pour un vélo électrique. Je n’avais pas trop le choix car on venait de me le voler.  Pour les longs déplacements, c’est le train ou la voiture. Ça fait trente ans que je n’ai pas pris l’avion. Je suis actuellement en Espagne et nous avons voyagé en voiture. À l’ancienne… Si je pouvais y aller en calèche, je le ferais !

Quelles sont les premières étapes pour faire bouger chaque citoyen ?

Il ne faut surtout pas axer le discours sur la culpabilisation car ça peut braquer certains et les rendre encore plus hermétiques sur le sujet. Sur Twitter, je vois passer des photos de mecs qui cuisent la viande sur un barbecue en taguant Sandrine Rousseau. Faut-être sacrément débile, non ? Et puis il faut surtout sensibiliser les enfants dès la maternelle. Jouer sur la pédagogie. Un mot qui n’a aucun sens pour ceux qui nous gouvernent.

Quelles sont les remarques les plus absurdes et récurrentes que vous entendez autour de vous sur l’écologie ?

Ceux qui alertent sur le climat sont qualifiés de complotistes. Les éco-sceptiques pensent que la planète s’auto-réglera mais ils foncent droit dans le mur. Et puis il y a aussi les remarques du genre « Ohhh ça va, le réchauffement de la planète… Il a fait pourri tout le mois de juillet en Bretagne… ».  L’État est surtout responsable en autorisant de nouveau le glyphosate. Et les mégas bassines, on en parle ? C’est normal de voler l’eau de tout le monde ?

Quels sont les écologistes ou personnalités qui vous ont inspirés ?

Il n’y a pas de personnalités qui m’inspirent réellement mais j’ai beaucoup de respect pour celles qui se battent. J’adore le calme de Sandrine Rousseau alors qu’elle est attaquée de partout ou le combat d’Hugo Clément.

Enfant, vous sentiez vous déjà concernée par l’avenir de notre planète ?

Je suis née en 1965 et à l’époque, on ne parlait pas d’écologie. On ne réalisait pas que la planète était déjà menacée par les hommes, que les températures allaient augmenter… En revanche, j’ai été élevée par des parents écolos qui avaient conscience de la fragilité de l’environnement. Enfant, je me promenais souvent en forêt avec mon père. Il m’a sensibilisée à la nature.

Selon vous, où en serons-nous dans 50 ans ?

Ce sera pire qu’aujourd’hui. L’eau potable sera manquante. Tant qu’il y aura des élevages intensifs, on ne réglera pas le problème de l’eau. Il faut arrêter de vouloir manger des tomates en décembre ou des avocats en provenance du Pérou. La saisonnalité, c’est hyper important. Et si chacun mangeait des fruits et des légumes au moment où ils poussent ? Notre société actuelle veut tout et tout de suite. Acheter ce que l’on veut, quand on le veut. Amazon, ce n’est pas le diable ? Le roi de la pollution. Ça me mine…

Comment éduquez-vous vos enfants pour qu’ils soient éco-responsables ?

Ce sont eux qui m’éduquent. J’admire cette jeune génération qui se bat pour les autres. Pauvre Greta Thunberg qui se fait critiquer dans le monde entier alors qu’elle mène un combat pour nous tous. Il faut écouter les jeunes au lieu de les insulter.

Pourriez-vous vivre dans un écolieu ?

Absolument ! Je rêve de vivre à la campagne avec ma famille et mes amis. De pouvoir vivre en autarcie en cultivant mes propres fruits et légumes. Vivre au milieu des poules et des chiens en toute liberté.

Si vous étiez Président de la République, vous…

J’essaierais de rencontrer les plus puissants pour les convaincre de réduire la surproduction et l’élevage intensif.  C’est extrêmement difficile pour les agriculteurs. Il faut aussi trouver des solutions pour eux afin qu’ils puissent vivre de leur métier sans avoir le couteau sous la gorge.  Et puis j’imposerais la matière « écologie » dès les premières années au collège.

Pour aller plus loin :

🎤 L’interview écolo de Thomas Dutronc : « Le plastique et tous les gadgets chinois m’exaspèrent. »

🎤 L’interview écolo de Kareen Guiock-Thuram : “Nous vivons au-dessus des moyens de la Terre »

🎤 L’interview écolo d’Alexandra Rosenfeld : “Si rien ne change, l’humanité en paiera le prix”

🎤 L’interview écolo Philippe Vandel : « Être écolo, c’est agir local, penser global »

🎤 L’interview écolo Tatiana Silva : « Je tente, à travers mes bulletins, de conscientiser les téléspectateurs sur le changement climatique. »

Joséphine Simon-Michel

Journaliste infotainment, Joséphine excelle dans l'art des interviews. Pour Deklic, elle interroge des personnalités de différents univers (cinéma, télé, humour, politique…), toutes engagées pour la protection de l’environnement et conscients que la transition écologique est l’affaire de tous.

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