Vicplusgreen motive les écolos
De salariée dans le marketing digital, Victoria Vidal, 29 ans, est devenue influenceuse écolo. Son compte Instagram Vicplusgreen compte aujourd’hui près de 50 000 abonné·e·s. Elle raconte sa prise de conscience écologique et son passage à l’action.
Quand as-tu lancé ton compte Instagram Vicplusgreen et pourquoi ?
J’ai démarré en septembre 2020. J’avais cette idée depuis longtemps mais j’ai beaucoup procrastiné. J’avais envie de sensibiliser mais j’avais un peu le syndrome de l’imposteur : qui suis-je pour parler d’écologie sur les réseaux sociaux ? Avant ça, j’ai eu une prise de conscience assez brutale après avoir regardé des documentaires qui m’ont fait rapidement implémenter des changements dans mon quotidien. Je me suis aperçue que j’étais un peu seule, parce qu’autour de moi, tout le monde n’était pas forcément dans la même démarche, donc j’avais besoin de partager ce que je faisais, j’avais besoin de soutien. Et je me suis rendu compte que faire des gestes dans mon coin c’était bien mais que si j’arrivais à entrainer avec moi d’autres personnes, ça avait quand même plus d’impact. Si on avance tous ensemble, on ira quand même beaucoup plus vite.
Que peut-on principalement trouver sur ton compte ?
J’aime bien dire que j’essaie d’aborder un maximum de thèmes pour parler au plus grand nombre, en résumé, je parle de tout ce qui peut aider à adopter un mode de vie plus responsable au quotidien. Ça peut passer par les petits gestes tout simples du zéro déchet. j‘ai beaucoup parlé par exemple de cosmétiques solides parce que la salle de bains est souvent une porte d’entrée vers une consommation plus responsable. C’est facile de passer au savon solide à la place du gel douche, il n’y a pas beaucoup de perte de confort et financièrement c’est accessible. Je parle aussi de mode éthique, j’essaie de sensibiliser en parlant par exemple de seconde main mais aussi de marques engagées de mode responsable. Je parle aussi de plus en plus de végétarisme, parce que j’ai transitionné petit à petit pour devenir végétarienne. Quand on parle d’impact, diminuer sa consommation de viande c’est aussi ce qui a le plus d’impact, avec le transport. Et il y a pas mal d’idées reçues sur la question. J’essaie aussi de déconstruire les idées reçues autour du fait de vouloir être écolo et je me suis rendu compte, surtout en ce moment, qu’il y a un besoin d’accompagnement et de motivation pour les personnes engagées dans une transition écologique. J’ai vraiment envie de dire à tout le monde de pas perdre espoir et de s’entourer de personnes dans la même dynamique, via des groupes ou des assos par exemple. Il ne faut pas baisser les bras ! Il faut continuer à se battre et ne pas perdre espoir. Parce qu’après tout même le GIEC dit qu’il n’est pas trop tard !
Tu as évoqué des documentaires qui ont déclenché un déclic chez toi. Peux-tu nous en dire plus ?
Mon déclic c’était sur l’alimentation végétale. Je fais beaucoup de sport et on m’avait conseillé le documentaire The Game Changers qui parle de l’alimentation végétale chez les sportifs. Dans ce documentaire, on dit en gros qu’on peut être végan et avoir des muscles. Et surtout, on explique l’impact de l’agriculture sur la planète. Je suis tombée des nues en le visionnant. J’ai appris que la viande, ce n’était pas bon pour la planète. Ça a ouvert une petite porte en moi et je me suis dit qu’il y avait peut-être plein d’autres choses que je ne savais pas. Je me suis donc plongée dans d’autres films et documentaires pour en savoir plus. Deux autres documentaires m’ont profondément touchée : Legacy de Yann Arthus-Bertrand et Une vie sur notre planète de David Attenborough. Je les recommande toujours autour de moi, parce que je pense que tu ne peux pas être un être humain, regarder ces deux documentaires et ne pas avoir envie de changer.
Aujourd’hui, est-ce que ton quotidien a plus de sens pour toi ?
Je ne pensais pas avoir autant d’impact. Je n’ai pas créé mon compte pour devenir influenceuse. Aujourd’hui c’est mon métier à temps plein, mais ce n’était pas du tout mon objectif quand je l’ai fait. C’était un hobby, un exutoire pour moi. Et c’était aussi une manière de m’obliger à m’informer et me tenir à la page pour trouver des idées de contenu. Quand je reçois des messages toutes les semaines de personnes qui me disent qu’ils sont devenus végétariens grâce à moi ou qu’ils sont partis en vacances sans prendre l’avion, c’est incroyable ! C’est incroyable de voir que depuis mon salon en faisant des petites vidéos j’arrive à avoir un impact sur les gens en les aidant à réduire leur empreinte carbone. Donc oui, je suis extrêmement épanouie dans ce que je fais et extrêmement fière, Ça motive !
L’influence c’est donc un travail à temps plein, comment est-ce que cela fonctionne ?
Je me suis lancée à temps plein depuis janvier, et je suis rémunérée grâce à des partenariats avec des marques engagées. Je filtre énormément mes collaborations. C’est compliqué quand on est influenceur « écolo » de trouver le juste milieu et de promouvoir des marques engagées pour leur donner de la visibilité sans pousser à la consommation. Malgré tout mon message c’est « consommez moins ». Quand je parle de cosmétiques, je me dis que les gens en tout cas vont se laver. Donc il n’y a pas tellement ce problème de surconsommation. C’est plus le cas quand on parle de mode. Je vais dire aux personnes : « Il existe une marque géniale qui produit un T-shirt dans les Pyrénées en coton bio, donc si vous avez besoin d’un T-shirt achetez celui-là, mais si vous n’en avez pas besoin, ne l’achetez pas. » Ce n’est pas évident comme discours mais les marques le comprennent. C’est aussi tout le dilemme des marques engagées. C’est se dire que l’on doit vendre pour continuer à vivre, mais qu’on ne veut pas survendre. Mais j’arrive à avoir chaque mois des collaborations qui ont du sens et qui me rémunèrent assez pour pouvoir en vivre, et continuer à proposer 80 % de contenu gratuit.
Quels sont tes projets à venir ?
J’ai quelques projets en tête. J’ai un podcast qui va sortir à la rentrée, en partenariat avec The Trust Society. Et j’aimerais sortir ma newsletter en septembre aussi, pour aller plus en profondeur dans les sujets et ne pas être dépendante que d’Instagram.
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