Au lendemain de la COP28, le projet de TotalEnergies qui fait grincer
Alors que la COP28 s’est achevée il y a quelques jours à peine, sur un accord qui marque le « début de la fin » de l’ère des combustibles fossiles, le géant hexagonal des hydrocarbures a annoncé dans la foulée un projet pour le moins à rebours des ambitions affichées. Moins de 48h après la fin de cette conférence des Nations unies, TotalEnergies a en effet officialisé la signature d’un nouveau permis d’exploration offshore au Suriname.
Amnésie chez TotalEnergies ?
À peine 48 heures après le clap de fin de cette COP28, TotalEnergies publiait, l’air de rien, un communiqué de presse pour le moins surprenant, compte-tenu des projets d’abandon progressif des énergies fossiles évoqués à l’issue de cette 28ème conférence des Nations unies. Si en septembre dernier, la compagnie avait déjà annoncé le lancement des études de développement d’un grand projet pétrolier capable de produire plus de 200 000 barils de pétrole par jour au large du Suriname, elle signe cette fois un nouveau permis d’exploration offshore dans la région, conjointement à QatarEnergy et Petronas. On ne peut pourtant pas dire que les conclusions de la COP28, qui appellent à l’abandon des énergies fossiles, aient échappé à Patrick Pouyanné et à ses équipes. En effet, en toute discrétion, six cadres de la compagnie pétrolière, parmi lesquels son célèbre PDG, ont été accrédités à la COP28 dans la délégation du gouvernement français. Dissonance cognitive ou amnésie temporaire de la part des décisionnaires de TotalEnergies ? Il n’en reste pas moins qu’au lendemain du bilan de la conférence, cette annonce aurait de quoi faire sourire si elle ne marquait pas les prémices d’un projet aussi incohérent sur le plan climatique que politique.
La sortie des énergies fossiles remise à plus tard ?
En septembre dernier, la firme annonçait donc le lancement des études de développement d’un grand projet pétrolier sur le Bloc 58, cette fois-ci, elle signe avec ses partenaires QatarEnergy et Petronas, un contrat de partage de production pour le bloc 64 avec Staatsolie Maatschappij Suriname (Staatsolie), la compagnie nationale du Suriname.
Une aubaine pour le Suriname, ce pays méconnu du nord-est de l’Amérique du Sud plongé dans la tourmente par une grave crise économique, au même titre que son voisin Guyana, et ça, les compagnies pétrolières l’ont bien compris. Ces territoires aux forêts vierges et aux bilans carbone neutres voire négatifs, recouverts presque entièrement par la forêt amazonienne, espèrent bien reprendre du poil de la bête grâce aux investissements colossaux prévus par ces exploitants de pétrole. Une ambition à rebours des actuelles résolutions climatiques, et largement exploitée par TotalEnergies et consorts. Une pointe d’opportunisme, direz-vous ?
Il faut dire que si les annonces de financements pour le climat et de soutien aux pays les moins avancés se sont enchaînées au cours de la COP28 de Dubaï, ces aides restent encore imprécises et certainement insuffisantes. Du côté de TotalEnergies, l’heure ne semble toutefois pas être à la « transition hors des énergies fossiles », comme l’a préconisé le texte issu de la COP28. On espère toutefois que la première entreprise émettrice de France retrouve bientôt la mémoire.
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