Le traité international contre la pollution plastique
L’ONU-Environnement a annoncé le 4 septembre 2023 qu’une « première version » du futur traité international contre la pollution plastique a été publiée. La version finale devrait être établie d’ici fin 2024. De quoi s’agit-il au juste ?
Le fléau de la pollution plastique
La pollution plastique a pris, depuis les dernières décennies, une ampleur particulièrement alarmante. Dans un rapport publié en 2019 sur la pollution plastique, le WWF rappelait que 75 % du plastique produit est aujourd’hui un déchet et qu’un tiers des déchets plastiques finissent dans la nature sous forme de pollution terrestre, d’eau douce ou marine.
En 2016, la production de plastique a atteint 396 millions de tonnes, ce qui équivaut à 53 kg de plastique par habitant de la planète. Près de la moitié de ce plastique est utilisé pour créer des produits jetables dont la durée de vie est inférieure à trois ans. Autre donnée emblématique largement relayée en 2016 : le fait qu’en 2050, il pourrait y avoir plus de plastique que de poissons dans l’océan. Cette estimation a été faite par le Forum économique mondial et la Fondation Ellen McArthur dans une étude de 2016.
Les prémices d’un traité international
Véritable fléau, la pollution plastique figure au rang des problématiques à régler pour de nombreux États. Cette volonté commune a donné lieu à des discussions pour établir un traité international sur la question. Cet objectif a émergé en mars 2022, lors de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement qui s’est tenue à Nairobi au Kenya. Les représentants de 175 nations se sont engagés via une résolution à élaborer un accord international juridiquement contraignant afin de mettre un terme à la pollution plastique, portant sur l’ensemble du cycle de vie du plastique, dont sa production, sa conception et son élimination.
Il s’agira du Traité mondial contre la pollution plastique, le premier instrument international à traiter de la question en prenant en compte l’ensemble du cycle de vie du plastique. La première session de négociations à eu lieu à Punta des Este en Uruguay sous l’égide de l’ONU du 28 novembre au 2 décembre 2022. Plusieurs étapes de négociations ont suivi et suivront (cinq au total). Les prochaines négociations se tiendront du 13 au 19 novembre à Nairobi, au siège du PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement), sur la base du document de 31 pages rédigé par la présidence et le secrétariat de l’INC, conformément au mandat reçu en juin 2023 à Paris lors du précédent sommet. L’objectif est d’arriver à la version définitive fin 2024.
Que trouvera-t-on dans ce traité ?
Plus de 50 pays dont la France se sont réunis au sein de la Coalition de la Haute Ambition pour obtenir un texte le plus ambitieux possible et mettre fin à la pollution plastique d’ici 2040. Entre autres, cette coalition souhaite que le traité remplisse trois objectifs :
🧋Limiter la consommation et la production de plastiques à usage unique à des niveaux durables
🌱 Promouvoir une économie circulaire des plastiques qui protège l’environnement et la santé humaine
♻️ Assurer une collecte, une gestion et un recyclage efficace des déchets plastiques.
Selon l’AFP, la première version du texte mentionne comme option un objectif de « réduction de la production de polymères plastiques vierges ». Mais cette option pourrait être contestée par le principaux pays producteurs comme les Etats-Unis ou les pays du Golfe, qui souhaitent plutôt privilégier la réutilisation ou le recyclage du plastique afin de diminuer les rejets dans l’environnement.
Des désaccords avaient déjà été à l’ordre du jour lors des négociations qui se sont tenues à Paris au mois de juin 2023. Greenpeace avait indiqué, dans un communiqué, que ces négociations montraient « clairement que les pays producteurs de pétrole et l’industrie des énergies fossiles font tout ce qui est en leur pouvoir pour affaiblir le traité et retarder le processus ».
S’agissant du projet de texte publié le 4 septembre, Eirik Lindebjerg, responsable du dossier plastique pour WWF International a indiqué dans un message sur X (ex-Twitter) que « la première version constitue une base solide pour le reste des négociations, mais il comporte à la fois des options fortes et des options faibles. Il est temps que les pays choisissent l’ambition plutôt que l’échec ! »
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