Coup de projecteur sur le bilan environnemental français

Par Anaïs Hollard , le 9 octobre 2023 - 7 minutes de lecture
Champs de colza dans une campagne française

© Patrick Siccoli

Face aux enjeux climatiques majeurs auxquels sont confrontés l’ensemble des pays, chacun y va de ses investissements afin de garantir un avenir meilleur et de préserver l’environnement. Sur ce point, la France ne fait pas exception. Chaque année, le Ministère de la Transition Écologique délivre d’ailleurs son bilan environnemental, afin de revenir sur les dépenses réalisées en matière de protection de l’environnement, mais aussi offrir un aperçu de l’état des écosystèmes. Retour sur les éléments essentiels à retenir !

Protection de l’environnement : une hausse des dépenses !

Face aux conséquences des activités humaines et économiques sur l’environnement, à l’origine de nombreux dérèglements : pollution de l’air et de l’eau, altération de la biodiversité… Le Gouvernement et les particuliers s’attellent à investir davantage chaque année dans la protection de l’écosystème. À ce titre, en 2020, la France a mis à profit pas moins de 51,5 milliards d’euros en faveur de l’environnement. Des dépenses en hausse de 3,1 % en moyenne chaque année depuis le début des années 2000 et essentiellement concentrées sur les pôles suivants : 

💰 La gestion des déchets et des eaux usées (18,4 et 13,2 milliards d’euros) ;
💰 Les activités diverses (4,7 milliards d’euros) ;
💰 La recherche et développement (3,9 milliards d’euros) ;
💰 La gestion de l’air extérieur (3,7 milliards d’euros) ;
💰 La biodiversité (2,6 milliards d’euros) ;
💰 La dépollution des sols et des eaux (2,3 milliards d’euros) ;
💰La lutte contre le bruit (2,1 milliards d’euros) ;
💰 La gestion des déchets radioactifs (0,7 milliard d’euros)1.

Seulement voilà, selon le sixième rapport d’évaluation du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), publié en avril dernier, les besoins annuels d’investissements en faveur du climat pour la période 2020-2030 devront être entre 3 et 6 fois supérieurs aux investissements actuels, afin de pouvoir véritablement limiter le réchauffement à 1,5 °C ou 2 °C.

Le bilan atmosphérique français

Au cours des années écoulées, le bilan atmosphérique hexagonal est certainement celui qui a rencontré l’évolution la plus encourageante, notamment grâce à la question politique centrale de la limitation des émissions de gaz à effet de serre. L’année 2020 a par exemple bénéficié d’une baisse massive des émissions de CO2e (-9 % par rapport à 2019), avant un rebond partiel au cours de l’année 2021 (+5,7 %) et enfin, un nouveau déclin en 2022 (-2,7 %). Une évolution largement imputable au secteur des bâtiments (-14,7%), notamment grâce à une moindre consommation de chauffage alimenté aux énergies fossiles, largement émettrices de dioxyde de carbone.

Du côté des polluants, la tendance est également à la baisse. Un élan qui se poursuit d’ailleurs depuis le début des années 90. Pour favoriser ces améliorations, l’État a publié en 2021 un plan visant à réduire de moitié d’ici à 2030 les polluants atmosphériques induits par le chauffage au bois domestique (première source d’émissions de particules fines), mais aussi encouragé le développement des mobilités moins polluantes (bonus écologique, prime à la conversion…).

Où en est la qualité de l’eau dans l’hexagone ?

Pollution, réchauffement climatique ou encore urbanisation sont autant d’éléments susceptibles de mettre à mal la qualité des milieux aquatiques présents sur le territoire français et le bilan environnemental du pays. La directive cadre sur l’eau (DCE) est le texte majeur de la politique de l’eau dans l’Union européenne. Elle impose à chaque État membre un objectif de protection et de reconquête de la qualité de ses eaux et milieux aquatiques. En 2019, le service public d’information Eaufrance a ainsi réalisé une “synthèse des états des lieux des bassins”. Ce bilan classe entre autres les masses d’eau françaises (toutes confondues) en fonction de leur état écologique. D’après les différentes mesures réalisées, il apparaît ainsi que : 

💧 10 % d’entre elles sont en très bon état ;
💧 34 % d’entre elles sont en bon état ;
💧 37 % d’entre elles sont dans un état moyen ;
💧 14 % d’entre elles sont dans un état médiocre ;
💧 6 % d’entre elles sont en mauvais état.

Une proportion qui varie en fonction de la nature des cours d’eau. Ainsi, les eaux côtières sont par exemple plus nombreuses à présenter un excellent état, tandis que les plans d’eau bénéficient de résultats plus mitigés. Mais alors, qu’est-ce qui explique ces constatations ? Tout d’abord, l’état chimique des eaux est un élément crucial des analyses (présence de métaux lourds, de polluants industriels, de pesticides…). Ainsi, en 2019, 44,7% des 11 407 masses d’eau de surface, toutes catégories d’eau confondues, étaient considérées comme étant en bon état chimique.

Selon la synthèse d’Eaufrance, en 2019, 67 % des masses d’eau de surface risquaient toutefois de ne pas atteindre l’objectif d’état écologique fixé pour 2027 par la DCE

Quid de la biodiversité française

Autre point essentiel du bilan environnemental du pays : la biodiversité. Début 2022, le Gouvernement présentait la première partie de sa stratégie de sauvegarde de la biodiversité avec pour ambition de réduire les pressions qui lui sont imposées, “restaurer les écosystèmes et susciter des changements en profondeur”. En la matière, trois axes majeurs mis en place par les services publics sont à retenir : 

La Stratégie nationale aires protégées : le Gouvernement ambitionne ainsi de développer le réseau d’aires protégées, afin d’atteindre au minimum 30 % de couverture sur l’ensemble du territoire national et des espaces maritimes.
La Stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée : présenté en 2018, ce projet vise à mettre un terme à l’importation de produits forestiers ou agricoles non-durables qui contribuent à la déforestation d’ici 2030.
Le Plan national milieux humides 2022-2026 : l’État a lancé un plan national afin de garantir la protection des milieux humides sur le territoire.

Des prises de position indispensables compte tenu des multiples menaces qui s’abattent chaque année sur la biodiversité française. Selon l’Office Français de la Biodiversité (OFB), “malgré des signaux positifs sur le plan sociétal, les principales pressions n’ont pas été réduites significativement en France, et se sont, pour certaines, intensifiées pendant la dernière décennie”. D’après les données de l’organisme, on dénombre ainsi : 

🔥 Un obstacle tous les 4 km de cours d’eau ;
🔥 +14 % de ventes de produits phytosanitaires pour usage agricole ;
🔥 14 espèces exotiques envahissantes en plus dans chaque département.
🔥 17 % d’espèces de faune et de flore menacées ou éteintes en France, et leur risque d’extinction a augmenté de près de 14 % en moins de dix ans2.

Un bilan passablement mitigé et un déclin de la biodiversité hexagonale pointé du doigt qui invitent donc à une prise de conscience et une action politique et citoyenne radicale !

1Source : Ministère de la Transition Écologique – Bilan environnemental de la France Édition 2022
2Source : Office Française de la Biodiversité – La biodiversité française en déclin

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Anaïs Hollard

Captivée par les sujets liés à l’énergie, Anaïs a longtemps collaboré avec de grands acteurs du secteur, avant de choisir la voie de l’indépendance, en tant que journaliste web. Aujourd’hui, elle continue de délivrer son expertise en matière d’énergie et de transition écologique. Ses passions : la lecture, l’écriture (forcément) et les DIY créatifs !

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