Les émissions des cinq majors du pétrole pourraient être à l’origine de 11,5 millions de décès liés à la chaleur d’ici la fin du siècle
TotalEnergies, ExxonMobil, Chevron, Shell et BP sont visés par le rapport de Global Witness du 20 mars 2024 qui calcule le coût humain des émissions générées par ces multinationales.
Selon un rapport de l’ONG Global Witness rendu public le 20 mars 2024, les émissions liées à la combustion des énergies fossiles par les cinq majors du secteur, Shell, TotalEnergies, BP, ExxonMobil et Chevron jusqu’en 2050 pourraient être à l’origine de 11,5 millions de décès prématurés additionnels liés à la chaleur d’ici la fin du siècle.
Ce calcul inédit est notamment basé sur le calcul du « coût carbone social », explicité dans la revue scientifique Nature Communications qui évalue le coût monétaire des dommages liés à chaque tonne métrique de CO2 émise. C’est cette méthodologie qui a été utilisée aussi par l’ONG Oxfam pour calculer le nombre estimé de décès prématurés liés aux émissions des 1 % les plus riches de la planète. Global Witness précise avoir choisi de limiter son calcul à Shell, BP, TotalEnergies, ExxonMobil et Chevron car il s’agit des cinq entreprises du secteur avec le plus gros chiffre d’affaires sur 2023.
Un chiffre comparable « aux guerres les plus brutales »
L’ONG s’est appuyée sur les données de l’Université de Columbia qui calcule le rapport entre les émissions de CO2 et les décès liés à la chaleur et la production d’énergies fossiles des super majors retenues. Sur la base des investissements et plans des cinq compagnies, Global Witness estime qu’elles émettront ensemble 51 milliards de tonnes de CO2 entre aujourd’hui et 2050. Le résultat du calcul : 11,5 millions de décès supplémentaires liés à la chaleur d’ici 2100. Un nombre de décès comparable, pour l’ONG, « aux guerres les plus brutales ». Si toutefois Shell, TotalEnergies, BP, ExxonMobil et Chevron limitaient drastiquement leurs émissions pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, le nombre de ces décès serait divisé au moins par deux, avec une prévision de 5,5 millions de décès.
Les auteurs du rapport se sont rapprochés des cinq groupes visés pour leurs commentaires. TotalEnergies et BP ont mis en doute le calcul, Shell a indiqué ne pas être en accord avec ce résultat et Chevron et ExxonMobil n’ont pas souhaité apporter de commentaires.
Global Witness rappelle que la chaleur extrême tue, en étant à l’origine de coups de chaleurs, de crises cardiaques ou d’épuisement et que les personnes âgées, les enfants, les femmes enceintes, les personnes travaillant en extérieur et les personnes isolées sont particulièrement vulnérables. Ces décès sont de plus en plus nombreux tandis que la planète se réchauffe en raison de l’augmentation des émissions de CO2.
Le phénomène touche en premier lieu les personnes les moins aisées qui disposent de moins de moyens pour faire face aux fortes chaleurs. Les chaleurs extrêmes de l’été 2022 auraient causé en Europe 61 000 morts. Les pays et zones les plus à risque sont l’Afghanistan, la Papouasie Nouvelle Guinée et l’Amérique centrale.
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