Maélie Muller, mi-professionnelle de la sécurité numérique, mi-horticultrice.

Par Mathilde Colleter , le 19 octobre 2023 - 6 minutes de lecture
Maelie-Muller

Maelie-Muller

Dans la vie, Maélie Muller a un objectif plutôt clair : être heureuse. Et si son bonheur professionnel a longtemps été lié à l’univers du jeu vidéo, aujourd’hui elle trouve son équilibre entre un job en cybersécurité, et sa petite exploitation agricole dans sa maison du nord de l’Yonne. Elle nous raconte son parcours, et comment le travail de la terre lui a redonné (un peu) d’espoir sur la question de l’écologie. 

Passion informatique

Difficile de savoir ce qu’on veut faire quand on a 17 ans, et là-dessus, Maélie n’échappe pas à la règle : « la seule chose que je savais, c’est qu’à cette époque pas très marrante de ma vie, le truc qui me faisait du bien, c’était le jeu vidéo. » Pour se rapprocher de cet univers, elle choisit de s’inscrire dans une école d’informatique, sans trop savoir si elle s’y plaira.

Bonne pioche : « c’était génial, et absolument passionnant ». C’est dans le cadre de ces études qu’elle découvre la cybersécurité, une discipline qui prend tout de suite « du sens », surtout au contact de son amoureux de l’époque, aujourd’hui devenu son mari, lui aussi dans le domaine. 

Mais le marché du travail est rude, et Maélie ne se sent pas forcément à sa place : « dans mon ancien boulot, le management était assez toxique, j’avais pas mal de pressions pour “rentrer dans le moule ». C’est le genre d’ambiance où tu sens qu’il faut constamment lutter pour réussir, et je n’avais pas envie de ça ». Heureusement, une nouvelle opportunité se profile chez Ekwateur, et Maélie la saisit. 

Ekwateur et BTS horticulture : le combo gagnant 

Là encore, bonne pioche : « à titre personnel, j’avais déjà eu pas mal de déclics sur mes convictions écologiques, comme le fait que je suis devenue végétarienne il y a 6 ans maintenant ou que le gaspillage me rendait complètement folle… Mais je n’osais pas forcément en parler autour de moi, parce que je passais toujours pour la bizarre de service. Alors que chez Ekwateur, je me suis tout de suite sentie à ma place, comme si on me permettait d’être celle que je suis vraiment, sans jugement. C’est très sécurisant et libérateur pour la charge mentale, surtout en tant que sensible ». 

A un détail près : « avant de savoir que je serais prise, je venais tout juste de m’inscrire à un BTS Productions Horticoles en distanciel. Heureusement, j’ai pu faire les deux en même temps, en payant ma formation toute seule grâce à mes premiers salaires. C’était intense, mais j’ai tellement adoré ! Je n’ai jamais eu d’aussi bonnes notes qu’à ce moment-là de ma vie ! ». 

Trouver son équilibre 

Alors, pourquoi l’horticulture ? Maélie le tient de son enfance : « j’ai grandi dans un univers agricole, la campagne c’est quelque chose que je connais, et surtout, qui me fait du bien. Et autant je connaissais bien les grandes cultures et les vaches avec l’exploitation de mon père, autant l’horticulture était un domaine qui m’intriguais et que j’avais très envie de découvrir. »

Très vite, Maélie sait qu’elle ne restera pas à Paris : « quand tu te mets en couple avec une auvergnate, faut que tu t’attendes à ce qu’elle te fasse retourner à la campagne ! ». Avec son compagnon, elle se lance alors à la recherche de la perle rare : une maison avec 2 hectares de terrain pour pouvoir laisser sa passion s’exprimer : « j’ai toujours plein d’idées de choses à faire, de trucs à tester. En ce moment, on est en train de planter des haies et des arbres fruitiers, on a aussi un projet de refaire une mare, un potager de presque 200 m² à entretenir, on cherche à reproduire la communauté de l’Anneau avec nos poules… Bref, on n’a pas le temps de s’ennuyer ! »

Revenant régulièrement à Paris pour son travail, Maélie a réussi à trouver une forme d’équilibre : « je crois que j’ai vraiment deux facettes dans ma personnalité : l’une qui adore l’informatique, la cybersécurité et la vie de bureau avec les collègues, et l’autre qui pourrait passer des heures à travailler la terre, planter des légumes et des fleurs, d’être dehors… ça me plaît d’avoir ces deux casquettes là »

Des convictions écologiques renforcées

A la question de l’éco-anxiété, Maélie se montre assez prudente : « à vrai dire, je ne suis pas très optimiste : soit ça va se finir en mode Mad Max, où on va épuiser toutes les ressources de la Terre au point de la saigner avec des guerres de gang, soit on va se la jouer Avatar, où on aura enfin appris à vivre davantage en communion avec la nature. De mon côté, je fais ce que je peux, mais quand je vois ce que je suis capable de faire avec ma terre à ma petite échelle, ça me redonne un peu d’espoir : quand l’humain essaye de mieux comprendre son environnement pour travailler avec lui, ça peut aller très vite et ça fonctionne super bien ! »

Travailler la terre, c’est aussi prendre une leçon d’humilité : «ce que j’aime avec les plantes, c’est qu’il y a forcément des loupés, souvent inévitables car on ne peut pas tout prévoir entre le sol, la météo, les insectes, les maladies, etc., et faut apprendre à faire avec. Et dans une société où on interdit l’échec et où on t’apprend qu’il faut toujours être le meilleur ça rend les choses intéressantes, et plus reposantes aussi.»

Consciente du rôle que nous pouvons jouer face au réchauffement climatique, Maélie se montre pragmatique : « il y aura toujours des gens qui trouveront une raison de râler, et à ceux qui disent que l’écologie ça ne sert à rien, je me dis qu’ils n’ont absolument rien compris au fonctionnement de notre planète. Tout est une question d’éducation. »

À lire aussi dans la même collection :

Julien, de journaliste à développeur : « Participer à la transition énergétique, c’est une vraie motivation »

Hugo, de startuper éco-engagé à product owner : « C’est à l’échelle étatique que la transition doit se faire »

Rémi, 24 ans, acteur de la transition écologique : « L’important c’est de commencer par un premier pas »

Soyez dans le vent 🍃 :

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter de Deklic en cliquant ici.

Mathilde Colleter

Entre l'animation, la radio et la rédaction web, Mathilde a toujours aimé jongler dans sa vie professionnelle comme dans ses mouvements. Son métier ? Raconter des histoires et écrire avec une plume inspirée et drôle. Actuellement en workaway au Canada, Mathilde sait vulgariser les concepts de l’écologie comme personne et incite ainsi à l’action. Ses passions : le voyage évidemment (slow-travel, PVT Canada et workaway), les contes et légendes, la broderie.

Voir les publications de l'auteur