Manger moitié moins de viande permettrait à la France d’atteindre ses objectifs climatiques
Alors que le gouvernement élabore en ce moment sa Stratégie Nationale pour l’Alimentation, la Nutrition et le Climat, une étude réalisée par le Réseau Action Climat et la Société Française de Nutrition montre que le pays pourrait respecter ses objectifs en matière de climat si les Français réduisaient de moitié leur consommation de viande.
450 grammes par semaine et par personne. Faire tomber la consommation de viande à ce niveau-là permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole à hauteur de 46 % d’ici 2050, conformément aux engagements pris par l’Hexagone dans le cadre de sa 2e Stratégie bas carbone. Soit moitié moins que la moyenne actuelle. C’est ce que révèle l’étude du Réseau Action Climat – qui fédère une trentaine d’associations – et la Société française de nutrition (SFN) – qui regroupe des experts du secteur public et privé, publiée le mardi 20 février. Pour parvenir à ces résultats, les deux organisations ont effectué « un travail de modélisation de régimes alimentaires durables » avec le bureau d’études MS Nutrition.
La consommation de viande en hausse
Si le Programme National Nutrition Santé (PNNS) de la France, célèbre pour ses messages incitant à « manger au moins 5 fruits et légumes par jour » ne prend pas encore en compte les enjeux environnementaux, ils ne sont pourtant pas en reste. 22 % de l’empreinte carbone nationale dépend de l’alimentation et « 60 % de ces émissions proviennent de la production, au niveau agricole, des aliments que nous consommons », rappelle le document. Concernant l’élevage, il représente à lui seul 12 % des émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique, d’après un rapport de la Food and Agriculture Organization (FAO).
En parallèle, en dépit des nombreuses alertes lancées par les défenseurs de l’environnement, la consommation de viande continue de progresser en France. « Après deux décennies de baisse entre 1990 et 2012, la consommation de viande par habitant affiche une légère hausse depuis une dizaine d’années » souligne l’étude. La consommation de poulet par habitant a notamment plus que doublé, entre 2000 et 2022. En outre, « la quantité de viande consommée par habitant en France est aujourd’hui deux fois supérieure à la moyenne mondiale ».
Améliorer sa qualité nutritionnelle
À l’inverse, la consommation de fruits et légumes et de sources végétales de protéines ne suit pas une tendance à la hausse. Se présentant comme des alternatives aux régimes exclusivement carnés, ces aliments figurent au menu des autres propositions du Réseau Action Climat et de la Société SFN. Les diètes suggérées par l’étude comprennent notamment « davantage de fruits et légumes, de légumineuses, de fruits à coque et de produits céréaliers complets qu’aujourd’hui, avec une consommation modérée d’œufs et de produits laitiers, et une forte diminution des produits gras, sucrés et /ou salés ».
Les analyses montrent qu’il est possible de réduire de 50% la consommation de viande tout en satisfaisant l’adéquation nutritionnelle, sans avoir recours à des produits enrichis ou à des supplémentations. Les associations rappellent ainsi que l’intérêt est double. Si leurs propositions étaient validées, ces changements permettraient « non seulement de réduire fortement les impacts environnementaux de notre alimentation, mais aussi d’améliorer considérablement sa qualité nutritionnelle et ainsi de contribuer à la prévention des maladies non transmissibles liées à l’alimentation (diabète de type 2, maladies cardiovasculaires, certains cancers…) ».
« Le geste le plus efficace pour le climat »
Suite à la publication de leur étude, le Réseau Action Climat et la SFN « invitent donc les pouvoirs publics à inscrire la révision des recommandations du PNNS dans la Stratégie Nationale pour l’Alimentation, la Nutrition et le Climat, dans la perspective de mettre en place un PNNS-Climat pour traiter de façon cohérente les enjeux climatiques et nutritionnels ». Les organisations rappellent de concert que cette révision « devra s’accompagner de politiques publiques plus globales visant à rendre le système agricole et alimentaire français plus durable, en soutenant les agriculteurs et les ménages les plus vulnérables dans cette transition. »
Invitée à réagir sur le plateau de BFM TV sur la question de la réduction de la consommation de viande suite à la publication de l’étude, Sandrine Rousseau, Députée Europe Ecologie Les Verts (EELV) explique qu’à titre individuel : « c’est le geste le plus efficace pour le climat ». Si cette transition doit, pour elle aussi, s’accompagner de la mise en place de politiques publiques, le gouvernement actuel ne semble pas disposé à emprunter cette trajectoire. Un mois seulement après sa nomination, le Premier ministre Gabriel Attal a supprimé le seul menu végétarien de la semaine – mis en place par Élisabeth Borne alors qu’elle était en poste – de la table de Matignon.
À lire aussi :
Quel est l’impact carbone de l’alimentation ?