« Steak », « Escalope », « Jambon » : la France interdit ces dénominations pour les produits végétaux

Par Charlotte Combret , le 28 février 2024 - 4 minutes de lecture
Stand HappyVore au salon Sirha omnivore à Paris

Stand HappyVore au salon Sirha omnivore à Paris. Crédit : Benoit Durand / Hans Lucas / AFP

Un nouveau décret publié mardi 27 février par le gouvernement précise la liste des dénominations exclusivement réservées aux produits d’origine animale. L’utilisation des termes « steak », « escalope »,  « jambon » ou encore  « filet » est désormais interdite pour désigner des produits à base de protéines végétales. 

C’est une revendication de longue date des acteurs de la filière animale, qui estiment que des termes comme « jambon végétal », « saucisse vegan » ou « bacon végétarien » peuvent créer la confusion chez les consommateurs. Le gouvernement avait publié un premier décret en juin 2022, mais ce dernier a été suspendu en référé par le Conseil d’État. Le nouveau texte détaille notamment, en deux listes, les termes réservés aux produits d’origine animale ou ne contenant que très peu de protéines végétales.

Andouille, bacon, chorizo, cordon bleu…

Sont également interdits pour commercialiser ou promouvoir un produit contenant des protéines végétales les termes « faisant référence aux noms des espèces et groupes d’espèces animales, à la morphologie ou à l’anatomie animale ». Certains termes pourront être utilisés pour des denrées alimentaires « d’origine animale pouvant contenir des protéines végétales » en petite quantité, à condition de ne pas dépasser un pourcentage maximal de végétal.

Il s’agit de produits où les ingrédients végétaux « ne se substituent pas aux denrées d’origine animale mais sont ajoutés en complément de ces dernières dans le cadre de ces assemblages ». On y trouve des appellations comme andouille, bacon, chorizo, cordon bleu, jambonneau, lardons, pastrami, pâté ou encore terrines, rosette et saucisse (à cuire, à frire, à griller, lorraine, de Toulouse, d’Alsace, de Lyon…). La teneur maximale en protéines végétales va pour ces derniers de 0,1% pour l’œuf entier liquide à 6% pour une paupiette ou 5% pour un saucisson. Une merguez pourra contenir jusqu’à 2% de protéines végétales. Reste également autorisée l’utilisation de termes du règne animal pour les arômes.

En total décalage avec les ambitions climatiques

« Les produits légalement fabriqués ou commercialisés dans un autre Etat membre de l’Union européenne ou dans un pays tiers » restent autorisés, précise le gouvernement dans le texte, qui entrera en vigueur trois mois après sa publication. Le décret prévoit des amendes maximales de 1 500 euros pour une personne physique et de 7 500 euros pour une entreprise ainsi qu’une période de transition d’un an pour écouler les stocks existants.

« Cette mesure crée une inégalité de traitement entre les entreprises françaises et étrangères, entravant ainsi la concurrence et l’innovation » dans les alternatives végétales, déplore HappyVore dans un communiqué. Inquiète, la marque organise déjà le pot de départ de ses merguez, chipos et steaks végétaux sur LinkedIn. « Ce nouveau décret favorise les filières étrangères » et « met en péril une industrie locale », regrette également Nicolas Schweitzer, dirigeant de la marque de substituts végétaux à la viande La Vie, soulignant une mesure « en total décalage avec les ambitions » climatiques et « de réindustrialisation ».

« Un faux problème »

Pour la députée EELV Sandrine Rousseau, « Ceci est une manière de dévaloriser les produits végétaux qui ont des dénominations incompréhensibles et peu attirantes ». « Ce n’est pas à la hauteur de l’urgence climatique » conclut-elle sur X. « La priorité du gouvernement devrait être de baisser la consommation de viande en France, pour la santé des Français, le climat et par éthique animale. L’interdiction des noms est un faux problème » renchérit Thomas Wagner, du média Bon Pote. 

Il y a quelques jours, une étude du Réseau Action Climat et de la Société Française de Nutrition démontrait que le pays pourrait respecter ses objectifs climatiques si les Français réduisaient de moitié leur consommation de viande.

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Charlotte Combret

Issue d’une grande école de commerce, Charlotte délaisse rapidement les open spaces parisiens pour s’engager dans la voie de l’indépendance. Son désir de lier pédagogie et poésie la conduit à devenir journaliste rédactrice, dans les Landes, pour des entreprises et médias engagés. Ses passions : le cinéma animalier, les voyages en train, les lectures féministes et les jeux de mots en tout genre.

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