Pollution dans le métro parisien : trois stations au-dessus des seuils
Pour la première fois, une cartographie précise de la pollution dans le métro et le RER parisien a été réalisée à l’initiative de l’autorité organisatrice des transports Ile-de-France Mobilités (IDFM), avec l’appui d’Airparif. Les résultats publiés le 22 janvier 2024 révèlent des niveaux de pollution élevés dans au moins trois stations.
La question est souvent soulevée, sans jamais être tranchée. L’air du métro parisien est-il dangereux pour la santé ? La concentration de particules fines, produites au moment du freinage des trains, peut favoriser des difficultés ou maladies respiratoires, notamment chez les personnes fragiles.
Au printemps dernier, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « mise en danger d’autrui » visant la RATP, soupçonnée par l’association Respire de dissimuler à ses usagers un taux de particules fines anormalement élevé. Pour disposer de données fiables, IDFM a décidé de mener une étude d’ampleur, avec l’appui d’Airparif, en demandant à la RATP et à la SNCF de prendre des mesures a minima pendant une semaine complète sept jours sur sept, 24 heures sur 24. Dans certaines stations, les mesures ont été prises en continu pendant toute la période 2015-2022 via le réseau de mesure de la RATP et de la SNCF.
Résultat, trois stations affichent une concentration de particules fines PM10 dépassant les 480 µg/m3, soit le seuil maximum recommandé par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) à partir d’une heure d’exposition. Aucun chiffre sur les particules PM2,5, plus fines et plus nocives, n’a été communiqué à ce stade.
Cartographie complète en juin
Le seuil pour les PM10 est établi par l’Anses au regard du temps d’exposition dans les enceintes ferroviaires. L’OMS recommande un seuil maximum de 140 µg/m3, mais cela concerne l’exposition à l’air libre. Les stations concernées sont Belleville, Jaurès et Oberkampf, toutes situées dans l’est parisien. Parmi les autres stations étudiées, 31 affichent un « niveau moyen » de concentration de particules fines PM10, c’est-à-dire entre 140 et 480 µg/m3 et dix un « niveau faible », donc inférieur à 140 µg/m3.
Une autre étude réalisée pour l’émission de télévision « Vert de Rage » l’année dernière, mais contestée par la RATP, arrivait aussi à la conclusion que la station Belleville était la plus polluée.
« Les travaux communiqués par Airparif et IDFM ne reflètent pas l’exposition des voyageurs ni des salariés », avance Sophie Mazoué, responsable développement durable pour le groupe RATP. D’après elle, aucun usager ou salarié ne reste une heure sur un quai, et il convient de disposer des données dans les rames également.
Ce sera le cas en juin puisque IDFM a promis d’établir une cartographie précise des 397 stations du métro et du RER ainsi que des lignes. « Les particules ne sont pas les mêmes dans les rames et sur les quais. En général, c’est un peu plus faible dans les rames car l’air est ventilé. On aura la vérification au mois de juin », a indiqué le directeur général d’IDFM, Laurent Probst.
Incertitude sur les risques
À ce stade, la littérature scientifique très restreinte sur la qualité de l’air dans le métro empêche d’émettre un avis tranché sur les conséquences pour la santé. L’Anses a suggéré le risque « d’inflammation des voies respiratoires, en particulier chez les populations sensibles comme les asthmatiques » ou « d’effets sur la fonction cardiaque autonome ». Elle a rejeté « le risque augmenté du cancer du poumon ou de l’infarctus du myocarde ».
En attendant, IDFM compte demander aux opérateurs RATP et SNCF de déployer un plan d’action pour améliorer la qualité de l’air dans les stations les plus polluées. « La station Belleville bénéficiera, dès 2024, du renouvellement d’un ventilateur », a promis IDFM. Jaurès verra son ventilateur renforcé cette année et à Oberkampf, un nouveau ventilateur fonctionne depuis fin 2023 et deux ouvrages supplémentaires seront construits cette année. « Ces trois stations passeront au moins à l’orange, sinon au vert », veut croire Monsieur Probst.
IDFM a aussi demandé de déployer « le plus rapidement possible un système qui réduit les émissions de particules fines générées au moment du freinage des trains », notamment sur les lignes du RER A et 1, 2, 3, 4, 5 et 9 du métro. À ce stade, seuls les métros de dernière génération MP14, déployés sur les lignes 4, 11 et 14 disposent d’un freinage électro-magnétique, non émetteur de particules fines.
(Avec AFP)
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