Qu’est-ce que le formaldéhyde, cette source de pollution qui accroît le risque d’asthme chez les écoliers ?

Par Anaïs Hollard , le 1 février 2024 — pollution - 5 minutes de lecture
Enfants à l'école

© SYSPEO/SIPA

D’après une récente étude de Santé publique, la pollution de l’air dans les salles de classe des écoles élémentaires serait responsable de dizaines de milliers de cas d’asthme évitables chaque année en France. L’un des principaux coupables : un composé organique, le formaldéhyde. Alors, qu’est-ce que cette substance à l’origine de problèmes de santé chez l’enfant, mais également de nombreux troubles environnementaux ?

Le formaldéhyde : qu’est-ce que c’est ?

Présent à l’état naturel, le formaldéhyde est la plus petite molécule de la famille des aldéhydes. Il peut également être appelé méthanal ou aldéhyde formique. À température ambiante, le formaldéhyde se présente sous la forme d’un gaz incolore dont l’odeur, caractéristique, est piquante, voire suffocante. Sous sa forme naturelle, cette substance est omniprésente dans l’environnement. Toutefois, le formaldéhyde peut également être synthétisé par oxydation partielle du méthanol. La substance ainsi produite se présente alors plutôt sous forme aqueuse (appelée couramment formol) et est utilisée pour différentes applications, notamment pour l’industrie chimique et pharmaceutique.
Grosso modo, nous sommes régulièrement exposés au formaldéhyde et nombreux sont les matériaux et ustensiles du quotidien à en contenir : colles, vernis, peintures, papier peint… Des éléments qui sont par ailleurs eux-mêmes utilisés dans la fabrication d’une multitude d’objets. Les meubles peuvent par exemple libérer du formaldéhyde. À des concentrations faibles et avec une bonne aération, le formaldéhyde ne cause que très peu, voire pas d’effets secondaires. Toutefois, à plus forte concentration et suite à des expositions prolongées, les conséquences sur la santé peuvent être redoutables.

C’est d’ailleurs ce que relève Santé publique France dans sa récente étude sur « l’impact de la pollution de l’air dans les établissements scolaires sur l’asthme des enfants de 6 à 11 ans ». Chez des écoliers de 6 à 11 ans, 42 000 cas d’asthme sont évitables chaque année, estime l’étude. Parmi ces cas, 30 000 seraient provoqués par le formaldéhyde, présent dans le mobilier des salles de classe sous forme de peinture et de résine. L’organisme appelle donc notamment à la révision des systèmes d’aération des établissements scolaires.
La rénovation énergétique du bâti scolaire est pourtant – selon le gouvernement – devenue un enjeu prioritaire de l’effort national de baisse des consommations initié par la feuille de route «  France Nation Verte » et le décret tertiaire. Ce dernier impose d’ailleurs aux collectivités locales 40 % d’économie d’énergie d’ici 2030. Alors que les dispositifs de ventilation entrent dans le cadre des travaux de rénovation énergétique, la feuille de route du gouvernement semble patiner. Mais revenons à nos moutons…

Quelles sont les conséquences du formaldéhyde sur l’environnement ?

En plus de son impact évident sur la santé des petits, comme des grands, les risques liés au formaldéhyde ne s’arrêtent pas là. En effet, comme le rappelle Bruxelles Environnement, dans son « Observatoire des Données de l’Environnement », le formaldéhyde « provoque également des effets nocifs sur l’environnement et sur la diversité biologique. En tant que C.O.V., il contribue à la formation photochimique d’ozone troposphérique. Il s’agit d’un gaz à effet de serre particulièrement irritant provoquant des maladies pulmonaires chroniques, ainsi qu’une réduction du taux de croissance des arbres ou encore des hémorragies pulmonaires chez les oiseaux ».

D’après le département australien de l’environnement, l’exposition des animaux au formaldéhyde peut avoir pour conséquence de les rendre malades, d’affecter leur capacité à se reproduire ou encore réduire leur durée de vie. Cette exposition peut également modifier leur comportement et leur apparence. Le formaldéhyde est hautement toxique pour la vie aquatique : les poissons, les crustacés et autres créatures des rivières, des lacs et des océans1.

Pour limiter la présence de cette substance au quotidien, il est possible d’agir, notamment en privilégiant le mobilier en bois massif ou en utilisant uniquement des panneaux garantis sans formaldéhyde lors de travaux d’aménagement. Mieux vaut également éviter les vernis classiques et autres vitrificateurs de parquets et leur préférer une huile dure, disponible chez les distributeurs de matériaux écologiques pour l’habitat. Enfin, n’hésitez pas à aérer régulièrement votre logement, afin d’éradiquer au mieux la présence éventuelle de ce composé polluant !

1Source : Department of the Environment, Water, Heritage and the Arts – Formaldehyde

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Anaïs Hollard

Captivée par les sujets liés à l’énergie, Anaïs a longtemps collaboré avec de grands acteurs du secteur, avant de choisir la voie de l’indépendance, en tant que journaliste web. Aujourd’hui, elle continue de délivrer son expertise en matière d’énergie et de transition écologique. Ses passions : la lecture, l’écriture (forcément) et les DIY créatifs !

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