Scope 1, 2 et 3 bilan carbone : tout ce qu’il faut savoir

Par Wanis Cassim , le 31 juillet 2024 — engagement écologique, réchauffement climatique, Transition Écologique - 9 minutes de lecture

Pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre, il faut pouvoir les mesurer.

Cette mesure peut paraître difficile, de par la volatilité des gaz et la difficulté à en quantifier le volume sur tous les secteurs. En effet, presque toutes nos activités émettent des GES, et, donc, il faut pouvoir les classifier pour que le calcul soit plus facile.

Pour cela, une technique de mesure a été adoptée par tous avec la création des “scopes” qui encadrent une partie de l’activité de l’entreprise.

Au nombre de trois comme les (meilleurs) boys-band des années 90, les scopes permettent une quantification plus précise des émissions de gaz à effet de serre d’une entreprise, qui vont de la collecte des matières premières à la production en passant par le transport de marchandises. 
Ensemble, analysons ces scopes qui permettent de cadrer des normes environnementales et des certifications comme la SBTi,!

Les scopes, un héritage du GHG

Le GreenHouse Gas Protocol est une méthode, un cadre développé par des acteurs privés et des ONGs pour uniformiser les études concernant les émissions de gaz à effet de serre rejetées par les entreprises.

🏭Lorsqu’une entreprise désire mesurer la quantité de gaz à effet de serre qu’elle émet, elle fait une étude sur ses émissions de GES, qui incluent les émissions directes occasionnées par l’entreprise elle-même, tout autant que les émissions indirectes, qui sont produites par des tiers, des sous-traitants, des transporteurs, etc.

Pour agir sur un phénomène, il faut en comprendre les causes. Or, délimiter les émissions de gaz à effet de serre dans des “scopes” permet de mieux analyser et trouver les solutions pour diminuer ces rejets de GES.

🚙Si dans le bilan carbone, la flotte d’une entreprise (scope 1) est responsable d’une grande quantité de diffusion des GES, alors, la solution peut être de passer à la voiture électrique !

Le scope est donc une méthode pour trier les émissions de GES dans l’activité d’une entreprise.

🧮Il est à noter que si les scopes, hérités de la méthode du GHG sont très répandus pour établir un bilan carbone, il existe d’autres moyens comme celui qui fut proposé à l’issue du protocole de Kyoto en 1997.

Qu’est-ce que le scope 1 ?

Le scope 1 représente les émissions directes de l’entreprise.

On parle donc ici de celles produites par l’entreprise durant son activité, hors consommation énergétique. La combustion d’une matière, la mise en place d’un processus technique qui produit des GES, sont des émissions qui doivent être attribuées au scope 1.

Dans le scope 1 on retrouve : 

🏭Les émissions directes des sources fixes de combustion : groupes électrogènes, fours industriels, turbines, chaudières, peuvent émettre des GES. 

🚗Les émissions directes des sources mobiles à moteur thermique : des véhicules de fonction avec un moteur thermique vont diffuser des GES, ces émissions font partie du scope 1.

🧪Les émissions directes des procédés physiques ou chimiques : tous les procédés qui produisent des GES (hors combustion d’énergies) entrent dans ce scope.

🏃Les émissions directes fugitives : le traitement des déchets organiques, les rejets de méthane par les industries d’élevage ou encore les fuites de fluide frigorigène et autres fluides responsables des GES sont à prendre en compte.👀Information optionnelle : toutes les émissions directes de l’entreprise qui n’entrent pas dans les sous-catégories.

👀Information optionnelle : toutes les émissions directes de l’entreprise qui n’entrent pas dans les sous-catégories.

C’est quoi le scope 2 ?

Le Scope 2 est sans doute celui qui est le plus facile à appréhender puisqu’il s’agit des émissions indirectes liées à la consommation énergétique.

Dans le scope 2 on retrouve : 

⚡Les émissions indirectes liées à la consommation d’électricité : la consommation de l’entreprise pour faire tourner les machines à l’électricité.

Les émissions indirectes liées à la consommation de vapeur, chaleur ou froid : la consommation de vapeur, de chauffage ou de climatisation, voire de congélation, est dans ce scope 2.

⚡Si l’entreprise produit sa propre énergie pour se chauffer, refroidir, ou alimenter les machines, ces émissions de GES doivent figurer dans le Scope 1 puisqu’elles ne sont alors plus indirectes.

C’est quoi le scope 3 ?

Le Scope 3 désigne toutes les autres sources d’émission de GES indirectes qui ne peuvent entrer dans les deux autres scopes.

Dans le scope 3 on retrouve : 

Les produits et services achetés : 

🏢Les biens immobilisés : les bâtiments qui servent à l’entreprise.

🛢️Les activités associées à l’énergie et aux combustibles : toutes les activités qui ne peuvent être incluses dans le scope 1 ou 2 liées à la combustion et à la consommation d’énergie.

🚛Le transport et distribution, activité en amont : la quantité de carburant utilisée par les véhicules qui transportent les matières et les produits issus de l’entreprise.

🚮Les déchets générés par les opérations : la quantité de déchets générés par les produits ou les services de l’entreprise.

✈️Les voyages professionnels : les GES émis lors des déplacements professionnels. 

🚋Les déplacements domicile-travail des employés : la quantité de GES émis par les employés lors de leurs déplacements entre leur domicile et l’entreprise.

🚚Les actifs en leasing, activité en amont : la quantité de GES émis par les biens en location qui ne sont pas comptés dans le scope 1 et 2.

🚛Le transport et la distribution, activité en aval : la quantité de GES émise par les livraisons des fournisseurs à l’entreprise.

📱L’utilisation des produits vendus : la quantité de GES émanant du produit vendu par l’entreprise tout au long de sa durée de vie.

♻️Le traitement de fin de vie des produits vendus : la façon dont les produits de l’entreprise sont traités en fin de vie (enfouissement, recyclage, etc.).

💶Les actifs en leasing, activité en aval : la quantité d’émissions des actifs détenus par l’entreprise.

🏦Les investissements : les GES relevant des investissements d’entreprise (dans une autre entreprise par exemple).

Cette liste n’est pas exhaustive puisque le scope 3 dépend des activités de l’entreprise.


Si ce scope 3 était optionnel (et il l’est toujours internationalement), il est devenu obligatoire en France depuis le 1er janvier 2023, dans le cadre du BEGES (Bilan des Émissions de Gaz à Effet de Serre).

Les limites des scopes

Si les scopes sont des outils largement utilisés dans le cadre d’une étude sur l’impact environnemental d’une société commerciale, il n’en reste pas moins qu’ils ne sont pas parfaits. Dans un monde qui change aussi rapidement, les critères peuvent vite se retrouver obsolètes ou encore omettre des données essentielles.

Pas d’empreinte carbone numérique dans les scopes

Alors que le monde numérique a pris une place prépondérante dans nos sociétés et qu’il façonne autant notre quotidien professionnel que personnel, le coût environnemental du numérique n’est pas calculé dans les scopes. Une approximation qui peut compter quand on sait à quel point le numérique est émetteur de gaz à effet de serre. L’empreinte carbone de Microsoft ou celle d’Amazon l’illustre parfaitement.

Un scope 3 flou, alors qu’il est le plus important

La difficulté de calculer avec précision les quantités de GES émises dans le scope 3 est d’autant plus dérangeante que, selon les experts-es, il regroupe à lui seul entre 50 et 70 % des émissions de GES d’une entreprise.

Le bilan carbone, une autre méthode

L’ADEME, elle, a son propre système de calcul. S’il est inspiré des scopes, il est tout de même différent. C’est le bilan carbone. Créé en 2004, il a le même projet que le protocole GHG et tente de quantifier les émissions de gaz à effet de serre d’une personne, d’un foyer, ou d’une entreprise.

Cette méthode est compatible avec certaines normes internationales comme l’ISO 14064. Elle reste cependant un mode de calcul national, contrairement au protocole GHG qui offre un consensus international.

Alors, qu’est-ce qui change ?

Un scope 3 qui compte : le bilan carbone prend en compte toutes les émissions indirectes de l’entreprise. Dans le protocole GHG, les émissions de GES des transports, des services ou des biens ne sont pas obligatoirement calculées.

Les scopes n’englobent pas les mêmes choses : dans le protocole GHG, la délimitation des scopes et des champs d’analyses est importante, et il est possible d’exclure certains sites, des activités ou des pratiques, en justifiant cette exclusion. Dans le bilan carbone de l’ADEME, c’est impossible.

Des biens immobilisés qui comptent vraiment : pour le protocole GHG, seuls les biens achetés au cours de l’année étudiée sont décomptés. Or, un bien ne dure pas forcément un an. En lisant l’impact carbone des biens sur leur durée de vie, le bilan carbone est plus précis.

Une analyse qui enjoint l’action : avec le protocole GHG, des actions pour diminuer l’impact carbone de l’entreprise sont possibles. Dans le bilan carbone, elles sont obligatoires. L’entreprise doit donc présenter un plan qui vise à réduire son empreinte carbone.

Des résultats différents dans la forme : le bilan carbone illustre ses résultats en quantifiant les émissions de GES par catégories d’émission. Le GHG protocole, lui, présente les résultats sous la forme des “scopes” 1, 2 et 3.

Les scopes sont donc des compartiments qui permettent de diviser les émissions de gaz à effet de serre d’une entreprise en plusieurs catégories, ce qui permet de mieux les cerner, mieux les comprendre, mieux les mesurer et mieux les analyser. Toutefois, avec un monde qui change à l’allure d’une formule 1, les méthodologies doivent s’adapter. 🏎️L’absence de prise en compte de la pollution numérique et des émissions de GES qu’elle provoque est une preuve que pour coller à la réalité, ces méthodes de mesure doivent changer. Toutefois, si on modifie ces méthodes, on ne facilite pas la continuité des modes d’analyse et, par conséquent, la compréhension des tendances à moyen ou long terme. Un dilemme pour les acteurs qui façonnent ces normes et leurs règles aussi bien que pour les entreprises qui les utilisent

Sources : 

https://bilans-ges.ademe.fr/docutheque/methodologieV5.pdf
https://www.territoires-climat.ademe.fr/ressource/42-14
https://bilans-ges.ademe.fr
https://www.nouvelle-aquitaine.developpement-durable.gouv.fr/sur-quelle-methodologie-s-appuyer-pour-etablir-son-a14583.html?lang=fr

Wanis Cassim

Après des études de philosophie, Wanis décide de laisser la théorie afin d’agir à sa façon en faveur de l’écologie. Passionné de science-fiction, de nouvelles technologies aussi bien que de la nature, il tente d’allier ses centres d’intérêts dans son travail de rédacteur Web.

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