Tandis que la planète brûle, les dividendes des pétroliers explosent

Par Gaëlle Coudert , le 4 janvier 2024 — réchauffement climatique - 4 minutes de lecture
ExxonMobil

Crédit photo : Artur Widak/NurPhoto via AFP

Selon une information du Guardian relayée par Libération, les cinq plus grandes compagnies pétrolières vont reverser pour 2023 des dividendes record à leurs actionnaires.

Plus de 100 milliards de dollars devraient ainsi été distribués par ExxonMobil, BP, Shell, Chevron et TotalEnergies à leurs actionnaires, selon l’IEEFA (Institut d’économie de l’énergie et d’analyse financière) qui estime que leurs dividendes 2023 seront supérieurs à ceux de 2022, a relayé le quotidien britannique, le Guardian, le 1er janvier 2024. « Au rythme actuel de distribution via des rachats d’actions et dividendes, ces cinq super-majors pourraient atteindre un record de distribution aux actionnaires en 2023, dépassant les 104 milliards de dollars dépensés durant l’année calendaire 2022 », a affirmé Trey Cowan, analyste à l’IEEFA, interrogé par le Guardian.

Superprofits des géants du pétrole

Les versements faits aux actionnaires de ces multinationales avaient ainsi presque doublé entre 2021 et 2022, du fait des profits record récoltés par les géants du pétrole en 2022 après la guerre en Ukraine et l’envolée conséquente des cours de l’énergie. TotalEnergies avait ainsi annoncé début 2023 un record historique de profits cumulés en 2022 avec plus de 20 milliards de dollars de bénéfices. Et Shell avait atteint 40 milliards de dollars de profits, un montant qui n’avait pas été atteint depuis 115 ans. Deux exemples parmi d’autres.

Début 2023, ces profits avaient déjà largement été dénoncés par plusieurs ONG, dans la mesure où les gains sont principalement liés aux projets d’énergies fossiles de ces entreprises. Malgré le développement d’énergies renouvelables, la majorité des investissements des cinq majors concernent toujours le pétrole et le gaz. Au mois d’octobre 2023, TotalEnergies a même annoncé accroître sa production d’hydrocarbures « de 2 à 3 % sur les cinq prochaines années », une décision complètement à rebours des appels des scientifiques à mettre fin à la production d’énergies fossiles. 

Colère des défenseurs du climat

Dans une tribune publiée dans le Monde au mois de février 2023, cinq lauréates du prix Goldman pour l’environnement, et directrices d’ONG (Claire Nouvian, Lucie Pinson, Liziwe McDaid, Makoma Lekalakala et Heffa Schücking), avaient déjà dénoncé le « versement de dividendes pharaoniques » par TotalEnergies et invité les institutions financières à « la réorientation des investissements vers le déploiement des énergies renouvelables ». Une fronde qui ne devrait pas tarder à éclore à nouveau lorsque les annonces officielles de distribution des dividendes seront faites, pour l’année 2023, année marquée aussi par la survenue d’une multitude d’événements extrêmes liés au climat.

Au mois de novembre 2023, les prévisions communiquées par Shell d’un versement de plus de 23 milliards de dollars à ses actionnaires, malgré des profits légèrement en baisse, avaient déjà suscité la colère d’activistes du climat, relate le Guardian, qui souligne que ce montant est six fois supérieur à ce que Shell a prévu de dépenser sur les énergies renouvelables l’an dernier. 

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Le Guardian précise aussi que certains groupes écologistes estiment que ces versements de dividendes record seraient faits pour dissuader les investisseurs de se détourner de l’industrie pétrolière, dont les activités climaticides sont de plus en plus décriées. 

Mais selon Dieter Helom, professeur d’économie à l’université d’Oxford, cela suggérerait plutôt que l’industrie pétrolière reste très confiante dans ses futurs profits. Pour lui, l’agenda du climat n’a joué aucun rôle sur ces récents records. « Pour que cela soit le cas, il faut croire que la transition écologique est en cours, et que la demande pour les énergies fossiles va diminuer. Ces compagnies investissent d’énormes montants dans de nouveaux projets et distribuent des bénéfices encore plus importants car ils ont confiance dans le fait qu’ils auront de très bons retours sur investissement. Quand on regarde l’état de notre actuel progrès climatique, qui pourrait dire qu’ils ont tort ? »

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Gaëlle Coudert

Ancienne avocate parisienne reconvertie en journaliste basée dans les Pyrénées-Atlantiques, Gaëlle s’est spécialisée sur les sujets liés à l'écologie. Elle a cofondé le magazine basque Horizon(s), a été rédactrice en chef d'ID, l’Info Durable et rédige aujourd’hui des articles pour divers médias engagés dont Deklic. Ses passions : le sport (surf, yoga, randonnée) et la musique (guitariste et chanteuse du groupe Txango)

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