Les activités de TotalEnergies passées au crible par les sénateurs

Dès aujourd’hui, jeudi 25 janvier, une commission de sénateurs doit s’ouvrir, afin d’enquêter sur les activités du géant pétrolier. Cette procédure qui devrait durer six mois a pour but de s’assurer de la conformité des activités de TotalEnergies avec les engagements de la France en matière de climat et d’environnement. De son côté, le colosse des hydrocarbures assure n’avoir « rien à cacher ».

Une enquête sur le non-respect des engagements climatiques

TotalEnergies n’en est pas à son coup d’essai et son inénarrable PDG, Patrick Pouyanné, a déjà prêté serment à quatre reprises, en 2022 et 2023, devant une commission du Sénat ou de l’Assemblée nationale. Au programme de ces enquêtes répétées : superprofits, souveraineté énergétique, affaires étrangères, biocarburants et désormais, le climat. En effet, c’est sur ce volet que l’entreprise devrait être observée à la loupe au cours des mois à venir par une commission, présidée par le LR Roger Karoutchi, avec l’ancien candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot en rapporteur. Celle-ci porte sur donc sur « les moyens mobilisés et mobilisables par l’État pour assurer la prise en compte et le respect par le groupe TotalEnergies des obligations climatiques et des orientations de la politique étrangère de la France ». Il s’agira pour le groupe écologiste du Sénat, à l’origine de la requête, « d’enquêter sur la responsabilité du groupe français » en matière notamment de « non-respect des engagements climatiques » de la France du fait de ses investissements dans le pétrole et le gaz, causes principales, avec le charbon, du réchauffement climatique. L’occasion également de questionner le groupe pétrolier international sur ses investissements financiers susceptibles d’alimenter « des situations de corruption, de conflits armés, de violations des droits humains et des libertés fondamentales » dans les pays où il est présent.

« Dans beaucoup de pays aujourd’hui – au Mozambique, en Ouganda, en Tanzanie – l’exploitation pétrolière conduit à des situations d’insécurité, de violation profonde des droits humains, de l’État de droit, et nous voulons voir si les outils de politique publique permettent de mieux encadrer », justifie Yannick Jadot.

Une réponse attendue pour mi-juin

La quatrième major mondiale du pétrole et du gaz s’est en effet attirée de vives critiques pour ses projets et investissements en Ouganda et en Tanzanie, ou encore pour son maintien en Russie depuis l’invasion de l’Ukraine. En juillet dernier, l’ONG Human Rights Watch (HRW) réclamait d’ailleurs l’arrêt du mégaprojet pétrolier de TotalEnergies en Ouganda, le qualifiant de « désastre » pour la population, et suggérant que celui-ci participerait à « [dévaster] les moyens de subsistance de milliers de personnes » et « [contribuait] à la crise climatique mondiale ».

Des aujourd’hui, les 19 sénateurs qui composent la commission commenceront donc par un état des lieux général climatique et énergétique, avec les auditions de Philippe Copinschi, spécialiste des questions énergétiques mondiales et la climatologue Corinne Le Quéré, présidente du Haut Conseil pour le Climat. Les parlementaires verront également défiler des experts du Giec (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, mandaté par l’ONU) des membres actuels et anciens du gouvernement, des dirigeants d’organisations et d’entreprises, avant d’auditionner le PDG Patrick Pouyanné, en point d’orgue. « La publication du rapport est attendue pour mi-juin, à condition qu’il passe l’étape d’un vote majoritaire au sein de la commission, qui reflète les équilibres d’un Sénat acquis à la droite ».

(Avec AFP)

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